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Qu'est-ce que la reliure ?

La reliure, d'après le Larousse, est un ensemble d'opérations visant à donner à un ouvrage sa forme définitive et par lesquelles on l'habille d'une couverture rigide ou souple pour le protéger et le parer. C'est l'art de coudre ou d'assembler les feuillets d'un volume. La reliure a pour but d'assurer la conservation du livre. En témoigne le nombre important de livres reliés qui nous sont parvenus. Chaque livre relié est le reflet d'une époque, d'un style ou d'une mode et parfois même d'un homme.

 

La reliure apparaît au Ier siècle avec le Codex. Le codex est un objet entre deux ais de bois qui réunit plusieurs cahiers rectangulaires cousus les uns aux autres sur de gros nerfs de bœufs. Élément fondamental du livre, la reliure apparait pour protéger le texte et le conserver.

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Ce n'est qu'au XVIIe siècle que le terme "reliure" prend le sens de "manière dont le livre est relié".

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Le livre, objet apportant un savoir, une connaissance, devient avec la reliure un objet précieux, un objet d'art. Le relieur répond à des demandes de matériaux, de formes et de prix indiqués par le commanditaires (libraire, éditeur ou particulier).

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Depuis des siècles, les relieurs reproduisent les mêmes gestes minutieusement en appliquant un processus lent dû entre autre au temps de séchage et de mise en presse. Le relieur est au bout de la chaîne de production du livre. Désigné à l'origine par le terme ligator (le lieur), le mot "relieur" n'apparait qu'au XIVe siècle dans la langue française. Il existe autant de variantes d'une même technique que de relieurs. Chaque reliure est unique et les techniques mises en place apportent des informations (datation ou provenance...) sur le livre.

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Un vocabulaire spécifique est utilisé pour décrire chaque élément anatomique d'une reliure. Voici une description d'une reliure en cuir ancienne :

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Il existe plusieurs types de reliure (reliure d'apparats, reliure d'étoffes...). Celle qui nous intéresse ici est la reliure en cuir.

Dans la plus part des cas, on recouvrait simplement de cuir, sommairement préparé, les ais de bois. Le cuir provenait d'animaux d'élevage (moutons, truies, ânes...) ou sauvages (cerf, daim...).

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Dans les premiers temps, avant l'invention de l'imprimerie, ce sont les monastères qui se chargeaient des reliures, d'où le nom qui leur est parfois donné de "reliures monastiques". Par la suite, des ateliers laïcs prirent peu à peu la main sur ces ateliers dirigés par les moines.

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Les cahiers étaient cousus autour des nerfs de bœufs qui dépassaient du dos et retenaient les plats de bois. À la partie supérieure des dos, et parfois aussi à la partie inférieure, était placé un bourrelet de cuir qui venait renforcer le volume et permettait de le saisir facilement avec la main.

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Une des caractéristiques de la reliure médiévale est l'utilisation d'ais (planchettes) de bois pour former les plats du livre. Les reliures en cuir du Moyen-âge étaient renforcées par des cornières de métal, sur le bas, haut et le grand côté des plats et parfois même aux angles des coins de métal ciselé. Pour éviter les frottements et protéger le cuir, les relieurs ajoutaient dans les plats des volumes de gros clous. Il faut savoir que les livres n'étaient pas rangés debout dans les rayons des bibliothèques mais couchés, à plat sur des tables inclinées et destinées à la lecture. Ce mode de rangement n'apparaitra qu'au XVIe siècle afin de gagner en place.

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Tous les livres de cuir n'étaient pas décorés. Certaines reliures gardaient leurs plats nus. L'ornementation, lorsqu'il y en avait une, pouvait être réalisée grâce à deux procédés : la ciselure ou l'estampage.

  • La ciselure est surtout pratiquée au XVe siècle dans les pays germaniques. Le cuir est assoupli en l'humidifiant, puis gravé à l'aide d'une pointe acérée et chauffée.

  • L'estampage, dont les premiers exemples datent du XIIe siècle, est réalisé à l'aide des fleurons. Le fleuron ou "fers" est un outil de bronze dont l'une des extrémités est gravée, en relief, un motif ornemental. Le cuir est humidifié avec de l'eau. Le fleuron, chauffé à une certaine température, est appliqué sur la peau. Cette opération demande beaucoup d'habitude et de dextérité car trop tiède le fer ne marque pas le cuir, trop chaud, il le brûle. Réussi, le fleuron à un ton brun foncé, lisse et brillant. Cette technique est aussi appelée "travail au froid naturel". Il est probable que les premiers essais furent réalisés à froid. Certains pensent que les relieurs se servaient d'outils qui ne pouvaient pas être chauffés. Le travail à froid demandait l'utilisation d'une presse et un temps de marquage beaucoup plus long.

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C'est durant la Renaissance que la reliure prend l'aspect technique traditionnel qui est encore pratiqué aujourd'hui. L'invention de l'imprimerie par Gutenberg a considérablement modifié et augmenté le travail des relieurs (entre 1490 et 1535 on compte 140 relieurs à Paris, 200 entre 1550 et 1585). Devenu un objet d’usage courant (les formats des livres diminuent), la reliure s’allège. Tous les éléments lourds disparaissent progressivement : Le papier a remplacé le parchemin, le livre était moins épais, plus petit, les plats en carton ont remplacé les ais en bois... Une des grande innovation de la Renaissance est l'introduction de la dorure à la feuille. Venue d'Italie, la dorure remplace progressivement l'estampage à froid et donne une réputation d'excellence aux relieurs parisiens qui créent un style français de reliure au milieu du XVI siècle.

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Au XVIIe siècle, apparaissent les titres sur le dos des livres afin de permettre une identification dans les bibliothèques ainsi que le papier marbré pour orner les contreplats. Les métiers de relieurs et doreurs sont de plus en plus encadrés par un règlement (1686) qui leur impose, par exemple, de toujours s'installer dans le quartier de l'Université à Paris.

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Le XVIIIe siècle connaît une innovation majeure. Il s'agit d'une technique mise au point en Allemagne et introduite en France par Pierre-Alexis Bradel. Une des grandes caractéristiques est la séparation des plats et du dos par une gorge au lieu d'être joints au niveau du mors (charnière entre le dos et les plats). Les cahiers sont cousus sur des rubans qui ne sont plus passés mais collés dans les contreplats. Fragile, cette technique ne peut s'adapter aux gros volumes. Elle devient populaire à l'ère de l'industrialisation du livre car plus rapide à réaliser et plus économique. la reliure de luxe est toujours aussi importante, mais les productions en série sont l'activité essentielle du relieur. Il lui faut donc des techniques des reliures plus rapides. Malheureusement, la Révolution française vient mettre à mal l'activité des relieurs qui voient leur clientèle bibliophile s'amoindrir.

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L'activité reprend petit à petit dans les ateliers parisiens (120 relieurs à Paris en 1801). Le XIXe siècle est marquée par la mécanisation des ateliers de reliure et l'apparition de matières moins luxueuses (percaline, toile de coton lustrée...) qui vient réduire les coûts de fabrication.

La production de la reliure industrielle augmente. La reliure d'édition fait son apparition et permet la création de collection de livres tel que la Bibliothèque rose...) et des reliures d'édition plus luxueuses.

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Fin XIXe sont créées les premières écoles professionnelles de reliure (l'École Estienne 1889) et le métier s'enrichit et fait preuve d'innovation. Le XXe siècle, voit apparaître de nombreuses techniques comme l'incrustation d'émaux ou l'utilisation de toute sorte de matière (peau de requin, plastique...). On parle de reliure d'art.

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Bibliographie :

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LAMBERT, Anne-Sophie, La reliure entre art et technique. Bibliothèque National de France [en ligne]. Bibliothèque nationale de France, 2013 [page consultée le 12 février 2021]. Disponible sur : http://classes.bnf.fr/pdf/reliure.pdf

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DEVAUX, Yves, Dix siècles de reliure. Éditions Pygmalion, 1981. 398 p.

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