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Saint Pierre le Puellier et la rue des Sept-Dormants


Cette jolie rue des Sept-Dormants et surtout la jolie place réaménagée au croisement de la rue de la Charpenterie aura sans doute marqué vos yeux lors d’un passage dans la ville johannique.

Vous vous serez sans doute arrêté devant cette jolie maison :

Impossible de parler de la rue des Sept Dormants, sans l’ancrer dans son contexte géographique : l’église Saint Pierre-le-Puellier et la rue des Africains.

On trouve une première mention de l’existence d’un monastère de « Saint Pierre des Filles » (Monasterium-Sancti-Petri-Puellarum), en 840-843 (in Charte de Charles le Chauve dans le Cartulaire Sainte Croix d’Orléans) d'où son nom.

Nous ignorons jusqu’à quel moment ces religieuses ont subsisté. Nous voyons seulement que sur la fin du 10e, il y avait des chanoines établis en cet église comme le confirme ce récit du miracle du Crucifix (in Duchateau) :

[En 999, un vaste incendie consuma la plus grande partie de la ville].

L’année 998, vers la fin juin, à la suite d’une furieuse tempête accompagnée d’éclairs et de tonnerre, le crucifix qui était dans l’église de Saint Pierre-le-Puellier avait répandu d’abondantes larmes. Ce prodige continua plusieurs jours en présence d’innombrables témoins accourus de la ville et des environs. A la suite d’une sérieuse enquête constatant le principe vraiment surnaturel de cette merveille, plusieurs personnes cherchèrent à recueillir ces larmes dans des vases de cuivre ; mais, en tombant, les larmes transpercèrent aussitôt les vases, et elles ne s’arrêtèrent que lorsque Renaut, doyen du chapitre de cette église, eut mis dans un de ces bassins un corporal sur lequel il avait dit la messe. La coïncidence de ce miracle et de l’incendie de la ville jetèrent une véritable terreur parmi nos pères.

[…] L’évêque Arnoul donna l’exemple de la plus ferme confiance en la Providence en sacrifiant tout son patrimoine pour la reconstruction de sa cathédrale et des autres édifices religieux

Tous les ans le 13 janvier, une messe solennelle était dite pour la Saint Firmin. Mais pourquoi à Orléans ? puisque ce saint a ses lettres de noblesse en Picardie ?

Vergnaud-Romagnesi dans son Histoire d'Orléans nous éclaire :

« Une redevance dont l’origine est inconnue appartenait aux écoliers [Université d’Orléans] de Picardie.

Cette redevance sur laquelle un titre du 14 janvier 1416 s’exprime ainsi : A tali tantoque tempore quod de initio memoria non extitit, s’appelait la maille d’or de Beaugenci, et semblait avoir été fondée soit par les comtes de cette petite ville [Beaugency], soit par le Chapitre de Saint Pierre-le-Puellier.

Les possesseurs de certains héritages étaient tenus, et avaient été condamnés plusieurs fois à offrir, le 13 janvier, aux écoliers de Picard, un denier d’or, dit maille de Florence, pendant la messes que ces derniers faisaient chanter en l’église de Saint Pierre-le-Puellier en l’honneur de Saint Firmin, patron d’Amiens et de Beaugency. Après que le sous-diacre avait chanté l’épître, la maille d’or était offerte, par ceux qui y étaient obligés, au procureur de la nation de Picardie en l’Université.

Rappelons le miracle de Simon de Beaugency, pour comprendre où cette redevance prend sa source :

La légende rapporte que vers l'an 850, Simon Ier de Beaugency était atteint d'une maladie grave et qu'il allait mourir lorsqu'un matin. Il sentit une odeur douce et agréable qui s'était répandue dans la ville et, à l'instant, il fut guéri. Quelques jours plus tard, il apprit que le jour même de sa guérison « miraculeuse » le clergé d'Amiens avait trouvé les restes de saint Firmin et que, à cette occasion, une odeur douce et agréable s'était répandue sur la ville. Simon fut convaincu que sa guérison était liée à la découverte des restes de saint Firmin.

L’église actuelle est du 12e siècle. Très endommagée par les Huguenots en 1562 (destruction des voûtes, des parties hautes de la nef et du sommet de la tour) ; les voûtes sont postérieures au 16e siècle.

Le chapitre exista jusqu’en 1775. A cette époque, un décret de Mgr de Jarente, évêque d’Orléans, le supprima, et réunit son chapitre au Séminaire de la Ville (in Vergnaud-Romagnesi).

L’église devient alors une des paroisses d’Orléans et fut supprimée avec d’autres petites cures en 1791.

Émouvant ce dernier acte d’inhumation du petit Louis Ambroise, 30 mois. Dernière inhumation de la paroisse Saint Pierre-le-Puellier avant la suppression révolutionnaire de la paroisse comme l’indique la note en bas de page de M. l’abbé Gellet :

« Suppression de cette église paroissiale le 30 janvier 1791 au soir, 4e dim. après l’Épiphanie et le dernier jour de l’Octave de la chaire de Saint Pierre, 1er apôtre et 1er patron de cette église. »

L’église vendue devient un grenier à sel en 1793. Il est intéressant de voir qu’à la Révolution, le cloître Saint Pierre-le-Puellier prend le nom de Cloître Méridional (Lottin, II/2 p.59). Le 4 novembre 1797 il change à nouveau de nom pour s’appeler : Place Fleurus (Lottin, II/4 p.129)

Le 13 décembre 1799, elle est rendue au culte (Lottin, II/4 p.275) et retrouve son nom dans ces années là.

Mise en vente et rachetée par les habitants en 1816, elle est alors annexe de Sainte Croix et de nouveau paroisse en 1827. Elle a été réparée et repavée avec une partie des carreaux en pierre de l’église de notre Dame du Chemin (Vergnaud-Romagnesi).

En 1942 elle est rattachée à la paroisse de Saint Aignan.

Le 8 juin 1944, lors du bombardement du pont de Vierzon, la toiture et les vitraux sont endommagés.

L’église désaffectée est admirablement restaurée par la ville d’Orléans en 1973-1974. Elle devient en 1976, local d’expositions et de concerts.

La Rue des Sept-Dormants est une rue très ancienne de la 1ère enceinte.

Elle commence au cloître Saint Pierre le Puellier et aboutit par son joli carrefour à la rue de la Charpenterie.Elle porte déjà ce nom sur le plan de Fleury (1640) et le portait déjà en 1543 dans la liste des rues d’Orléans à cette époque (cf : « inv.som. des arch. De Loiret A 1857, paroisse Saint Pierre le Puellier)

Le nom évoque la légende des sept-dormants d’Ephèse :

Entre 250 et 253, sept jeunes hommes de la bonne société d’Éphèse refusent de sacrifier au culte de l’empereur Dèce et à ses idoles : ils se sont secrètement convertis au christianisme. Arrêtés et interrogés, ils acceptent de renoncer à tous leurs biens et aux honneurs liés à leur rang mais n’en sont pas moins emprisonnés. Par chance, ils parviennent à s’enfuir et à se réfugier dans une caverne sur une hauteur de la ville où ils s’endorment.


Hélas, leur cachette est découverte et, sur ordre de l’empereur, murée par des soldats. Selon la tradition chrétienne, les jeunes hommes se seraient réveillés environ deux cents ans plus tard – au Ve siècle donc – avec l’impression de n’avoir dormi qu’une nuit. Témoignant par là d’une possible résurrection de la chair – contestée à cette époque –, l’un d’eux serait sorti chercher de la nourriture. Les sept jeunes gens seraient ensuite retournés dans leur grotte avant de s’endormir pour l’éternité.

(in Croire-La Croix)

«L’édifiante histoire des emmurés vivants connut un foudroyant succès. Très vite, elle essaima aux confins du monde méditerranéen, de l’Occident latin à la péninsule Arabique», rapporte Manoël Pénicaud, chercheur au CNRS, spécialiste des pèlerinages et des lieux saints partagés, qui leur a consacré sa thèse.

Les Sept Dormants font très tôt l’objet d’une immense vénération populaire. La légende s’étend vers l’Occident chrétien jusqu’à Grégoire de Tours, auteur du premier récit en latin, et se propage simultanément vers la Syrie, l’Égypte et l’Abyssinie. Leurs sept noms ont été gravés au VIIIe siècle en copte sur les murs d’une chapelle de Nubie.

Un culte islamo-chrétien leur est rendu encore aujourd’hui. Mais que font ces sept dormants à Orléans ?

Lepage nous dit, sans sources hélas, que : « la rue des sept dormants, comme les rues de la Tour et des Africains, dut être comprise dans le quartier attribué aux prisonniers ramenés D’Égypte ou de Syrie, au moment des croisades ». En lisant Vergnaud-Romagnasi, nous constatons qu'il confirme cette thèse.

Mais creusons encore. Nous trouvons un article passionnant du Dr Biancardini en 1981 dans les Mémoires de la Société d’Agriculture, sciences, belles-lettres et arts d’Orléans.

A Orléans, malgré de multiples recherches, on n’a pu trouver de preuves de l’existence, dans le passé, chez les catholiques, du culte des sept dormants. Mais il est a peu près certain qu’au temps des croisades, des prisonniers musulmans avaient été transférés à Orléans et y pratiquaient leurs dévotions.

[…]

La rue des Sept dormant, faisant suite à la rue de la Musique ronde devenue rue des Africains, peut laisser penser que ce sont bien les Musulmans installés dans ce quartier qui sont également à l’origine de cette dénomination. Rien dans l’histoire chrétienne d’Orléans ne signale le culte des sept dormants. Tandis qu’il est certain que dans la religion musulmane il tient une très grande place. La 18e sourate du Coran fait obligation aux musulmans de rappeler l’histoire des sept enfants d’Éphèse à la prière du vendredi ».

Il apparaît donc que dans trois sources différentes, l’hypothèse se confirme.

Pour le plaisir des yeux, dans les manuscrits conservés à la médiathèque municipale d’Orléans nous trouvons les Dialogues de S. Grégoire et la Légende des sept dormants datant du 10e siècle. Visible en ligne sur aurelia.orleans.fr

 

Amusons-nous à donner vie à la rue des sept-dormants telle qu'elle pouvait être en 1870, grâce à l'almanach paru cette année là.

Au n°3 résidait M. Lejeune qui avait pour voisin en face (au n°4) Lemaire.

Au n°6 nous pouvions facilement nous alimenter en épicerie et vin chez Janvier.

Au 9 résidait une veuve, Mme Rocher ainsi que Champion, le marchand de vin.

Au 10 à nouveau un marchand de vin, chez Bidault. Rien d'étonnant de voir tant de marchands dans ce vin dans ce quartier de vinaigriers.

 

Poursuivez votre découverte du quartier grâce aux "témoins" d'Orléans :

Le numéro 34 (au croisement de la rue Saint Flou et la rue des Africains) vous emmènera sur les pas de ce quartier de vinaigrier, ainsi que sur l'histoire de la rue des Africains.

Au numéro 36 (devant Saint Pierre-le-Puellier, côté rue des Bouchers) le miracle des larmes et la maille d'or

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