Procession du 8 mai (Sa fondation, ses itinéraires) suivie de la procession du 8 mai 1896
La première procession d'actions de grâces pour la levée du siège eut lieu le dimanche 8 mai 1429; la seconde, le 7 mai 1430. Puis, d'un commun accord entre le clergé, et les bourgeois d'Orléans, elle fut fixée définitivement au 8 mai, ad perpetuam rei memoriam. Ce qui fut libellé, dans l'acte de "l'établissement de la fête du 8 mai", en ces termes :
[Nous laissons le texte tel qu'il est retranscrit dans les Annales de l'année 1896]
"Monseigneur l'Evesque d'Orléans avec tout le Clergé, et aussi par le moyen et ordonnance d" Monseigneur de Dunois, frère de Monseigneur le duc d'Orléans, avec le Conseil d'ixe-luy, et aussi les bourgeois manans et habitans dudit Orléans, fut ordonné estre faicte une procession le huitieme dudit may, et que chacun y portast une lumière, et que on iroit jusques aux Augustins et partout où avoient esté le estour. On y revoit stations et service propice en chacun lieu, et oraisons; et les douze procureurs de la ville auroient chacun ung sierge en leur main, où seroient les armes de la Ville, et qu'il en demeurait quatre à Sainte Croix, quatre à Saint Evertre et quatre à Saint-Aignan ; et aussi que ledit jour seroient dictes vigilles audit Saint Aignan et le lendemain messe pour les très-passés ; et la senroit offert pain et vin, et chacun procureur huit deniers parisis à l'offrande ; et seroient portées les châsses des églises, en espécial celle de Monseigneur Saint Aignan, celle de Monseigneur Saint Evertre, lesquieulx furent moyens et protecteurs de ladicto cité et ville d'Orléans; car en iceluy temps fut récité par aucun des Anglois, estans pour lors audit siège, avoir veu durant iceluy siège deux prélas en abbit pontifical aller et, circuir, en cheminant par sur les murs de ladicte Ville d'Orléans"
C'est en s'inspirant de cette charte que le cérémonial de la procession fut composé. L'Itinéraire dut être plusieurs fois modifié par suite des changements apportés à l'assiette de la ville.
PREMIER ITINÉRAIRE. — A l'origine, le clergé faisait le tour intérieur de la ville ; lorsqu'elle eut été agrandie, il continua de suivre les rues qui marquaient, à peu près, l'enceinte du siège.
DEUXIEME ITINERAIRE — On sortait de la CATHÉDRALE par la porte latérale du sud, et on prenait par le cloître Saint-Etienne, les rues de la Corne-de-Cerf, du Puits-de-Linières, du Gros-Anneau, des Images, de l'Impossible, de la Charpenterie, le Grand-Marché, le Marché à la Volaille, les rues Saint-Jacques, des Hôtelleries, le pont où se faisait une station, devant la "Belle-Croix", la voûte des Tourelles, le boulevard des Tourelles, où avait lieu une autre station, l'église des Augustins, le pont, les rues des Hôtelleries, de la Pierre-Percée, du Puits-Saint-Christophe, le Vieux-Marché, les rues Vannerie, Saint-Paul, avec station devant la chapelle de Notre Dame des Miracles (En 1429, la chapelle de Notre-Dame-des-Miracles ne faisait pas corps avec l'église de Saint-Paul. Elle se trouvait près du chevet : c'est vers la fin du XVe siècle que la chapelle fut rattachée a l'église. Ce serait donc une pieuse et patriotique pensée que de rappeler cet emplacement par une inscription sur plaque de marbre), de la Foulerie, de la Vieille-Poterie, de la Barillerie, de l'Aiguillerie, la Porte Dunoise, où se faisait une dernière station ; les rues de la Cordonnerie, de la Pomme-de-Pin, de Lormerie, Saint-Sauveur, de l'Ecrivinerie; on rentrait par la porte du sud à la cathédrale, où un sermon était prêché et la messe d'action de grâce célébrée.
TROISIÈME ITINÉRAIRE. — Ce parcours dut se modifier, lorsque le nouveau pont eut été livré au public (1760) et la rue Royale ouverte. En 1762, l'évêque, sur la demande des officiers municipaux, rendit une ordonnance, portant que, désormais, la procession, en sortant de la cathédrale, prendrait la rue de l'Ecrivinerie, et continuerait sa marche, en droite ligne, par la rue de Bourgogne jusqu'au coin de l'ancienne Porte-Dunoise ; que de là, elle descendrait la rue Saint-Catherine, passerait sous la porte de l'ancien pont, pour se rendre, par le nouveau, à l'église des Augustins ; qu'au retour, elle suivrait la rue Royale, passerait devant le "monument de la Pucelle", transporté récemment de l'ancien pont au carrefour de la rue Vieille-Poterie, et rentrerait dans la cathédrale par la place du Martroi, la rue d'Escures, la place de l'Etape et le portail du nord. Le chapitre de Saint-Aignan quittait la procession à ce moment et retournait dans son église.
Le 8 mai 1829, 400e anniversaire de la délivrance d'Orléans, on sortait, pour la première fois depuis la reconstruction de la cathédrale, par le grand portail, dit Porte-Royale, qu'on venait d'achever.
QUATRIEME ITINÉRAIRE. — Aujourd'hui, la procession continue à sortir par le grand portail et suit directement la rue Jeanne d'Arc, pour gagner la rue Royale et le pont. Elle ne passe plus dans les bas quartiers. L'église des Augustins n'existant plus, la station a lieu devant la Croix de la Pucelle qui a été érigée, en 1817, sur l'emplacement du boulevard des Augustins, et qui ne répond plus, par ses mesquines dimensions et son état de dégradation, aux glorieux souvenirs qu'elle représente.
PROGRAMME DE LA FÊTE DE JEANNE D'ARC 1896
Jeudi 7 mai
1°) la veille de la fête, à midi, une fanfare d'artillerie annoncera, du haut de la tour de ville, le glorieux anniversaire ; puis la cloche du beffroi sonnera de quart d'heure en quart d'heure, jusqu'à huit heures du soir. Les principales rues et places seront pavoisées de drapeaux et, d'oriflammes aux couleurs de la ville.
2°) A huit heures, heure à laquelle Jeanne d'Arc est entrée à Orléans, après avoir emporté le fort des Tourelles, un bouquet d'artifice et une salve d'artillerie seront tirées sur l'emplacement de ce fort.
A la même heure, les cloches des paroisses sonneront et un corps de troupes, composé de : fanfare à cheval du 32e régiment d'artillerie, piquet de gendarmerie à cheval, sapeurs-pompiers, musique en tête, fanfare à cheval du 30° d'artillerie, musique de l'École d'artillerie, compagnie à pied du 30e d'artillerie, compagnie du 131° de ligne, avec clairons, tambours et musique en tête, deux autres pelotons à cheval du 32e d'artillerie, suivra le quai des Augustins, le Pont, les rues Royale et Jeanne d'Arc, et se formera en carré devant la basilique de Sainte Croix, où le Maire, accompagné des Adjoints et du Conseil municipal, se rendra, précédé de l'étendard de Jeanne d'Arc et de la bannière de la ville.
Mgr Touchet, évêque d'Orléans, assisté de S. E. le Cardinal Archevêque de Bourges, de l'Archevêque de Chambéry, des évêques de Verdun, Amiens et Evreux, entourés de tout le clergé de la cathédrale — les bannières de saint Michel, de saint Euverte, de saint Aignan, de sainte Catherine et de sainte Marguerite déployées — se présentera sur le parvis de la basilique, pour recevoir des mains du Maire, l'Étendard de Jeanne d'Arc. Puis NN. SS. béniront la population ; et, une masse chorale, avec musiques militaires, chantera le chœur de Gounod : Vive la France! sur des strophes dues à un poète orléanais.
Au moment de la remise de l'étendard embrasement des tours de la Cathédrale.
3°) A huit heures trois quarts, retraite aux flambeaux. La retraite partira de la place Sainte-Croix, pour suivre la rue Jeanne d'Arc, la rue Royale, la place du Martroi où les musiques joueront successivement un morceau de leur répertoire, la rue et la place Bannier ; les troupes rejoindront ensuite leurs quartiers respectifs.
Vendredi 8 mai
1°) Le 8 mai, jour de la fête, au lever du soleil, il sera tiré une salve de 21 coups de canon ; les cloches de la ville sonneront à toute volée et celle du beffroi de quart d'heure en quart d'heure jusqu'à deux heures du soir.
2°) A neuf heures trois quarts précises, le corps municipal se rendra. ainsi que tous les fonctionnaires et corps constitués, à la cathédrale, où sera faite, pendant la cérémonie religieuse, une quête au profit des pauvres.
3°) Après le panégyrique de Jeanne d'Arc, qui sera prononcé par Mgr Touchet, évêque d'Orléans, le cortège suivra la place Sainte-Croix, les rues Jeanne d'Arc et Royale, le Pont, les rues Dauphine, Saint-Marceau et de la Bascule, pour se rendre sur l'emplacement de l'ancien fort des Tourelles, dans l'ordre suivant :
Piquet de Gendarmerie à cheval
Sapeurs-pompiers et Musique d'lngré
Mariniers
Sapeurs-pompiers de Fleury-aux-Choux (Fleury-les-Aubrais NDLR)
Jeunes Apprentis
Fanfare de l'Union musicale d'Orléans
Corporations d'ouvriers
Sociétés religieuses
Société musicale La Concorde et Société de secours mutuels de Chaingy
Société chorale d'Orléans
Sapeurs-Pompiers et Musique de la Chapelle St-Mesmin
Société de Tir, Topographie et Instruction militaire La Fraternité
Sapeurs-Pompiers de St Jean-de-la-Ruelle
Sapeurs-Pompiers et Musique de Saint-Jean-de-Braye
Médaillés-Sauveteurs
Fanfare Saint-Marc Saint-Vin-cent
Société des anciens Combattants de 1870-74
Sapeurs-Pompiers et Musique de St-Denis-en-Val
Société générale de secours mutuels, Société de secours mutuels de la manufacture de tabacs, des cordonniers et bottiers
Sapeurs pompiers et musique de St-Pryvé
Union orphéonique d'Orléans
Union musicale des Aydes et Sapeurs-Pompiers de Saint-Jean-le-Blanc
Société de Gymnastique La Guêpe
Orphelinat Serenne
Députation d'enfants des écoles
Tambours des Sapeurs-Pompiers d'Orléans
Musique des Sapeurs-Pompiers d'Orléans
Sous-officier des Sapeurs-Pompiers portant la bannière de la Ville
Valets de Ville
Le Maire et les Adjoints
Conseil municipal d'Orléans
Administrateurs des Hospices, du Bureau de Bienfaisance et de la Caisse d'Épargne
Bataillon des Sapeurs-Pompiers
Fanfare à cheval du 32e d'artillerie et peloton à cheval
Détachement d'artillerie formant la haie
Croix, Clergé et Châsses des paroisses
Bannières accompagnées de jeunes filles couronnées de fleurs
Croix du Chapitre
Musique de l'École d'artillerie
Étendard de Jeanne d'Arc
Reliques de la Cathédrale escortées de torches aux armes de la Ville
Chapitre de la Basilique
Prélat officiant, Cardinal-Archevêque de Bourges, précédé de l'Archevêque de Chambéry, des évêques d'Orléans, de Verdun, d'Angers, d'Amiens et d'Evreux ;
Fonctionnaires et corps constitués dans l'ordre des préséances
Artillerie à pied
Musique du 131° d'infanterie
Infanterie
Piquet d'artillerie a cheval fermant la marche.
4°) Sur l'emplacement du fort des tourelles, il sera fait une station. Le canon retentira, puis le cortège se remettra en marche par le Quai, le Pont, la Rue Royale, la place du Martroi, la rue d'Escures, la place de l'Étape, et le clergé rentrera à la Cathédrale, au chant du Te Deum.
5°) A neuf heures, feu d'artifice, salve d'artillerie et illuminations des monuments publics.
A dix heures, retraite aux flambeaux.
6°) Tous les habitants sont instamment invités à illuminer et à pavoiser leurs maisons.
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