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Pèlerinage Notre Dame de Bethléem à Ferrières


Dans les Annales Religieuses et Littéraires de la Ville d'Orléans en 1896

Saint Savinien et ses compagnons ayant tiré des ténèbres les païens du Gâtinais, le sanctuaire de Bethléem fut aussitôt fréquenté par des troupes de pèlerins. Au lieu de la Vierge qui devait enfanter, que les druides leur promettaient, ils pouvaient vénérer celle qui avait la gloire de porter le sacré de la Mère de Dieu. C'est pourquoi, écrivait D. Morin : "Tous les dévots pèlerins qui se sont trouvés en afflictions, réclamant l'appui de icelle Vierge ont eu soulèvement de leurs angoisses. Et depuis, la dévotion y est toujours continue et continue jusqu'à présent."


L'an 421, un grand nombre de pèlerins, surpris par les Vandales, furent massacrés, tant dans l'enceinte même de la Chapelle que dans les environs, ou le long des chemins qui les ramenaient à leur foyer.


Les invasions, avec leur cortège de guerres, de pillages, de misère et de frayeur, interrompirent nécessairement les pieuses habitudes des chrétiens du Gâtinais. Cependant, la Vierge de Bethléem n'était pas oubliée. Aussitôt que le calme fut un peu rétabli, les pèlerins reprirent les sentiers qui conduisaient au sanctuaire vénéré par les ancêtres.


Au nombre des plus fervents visiteurs du lieu de l'apparition, il faut citer la fille du roi des Burgondes, Clotilde, que Dieu destinait à une si belle mission par les Francs. C'est auprès de Notre-Dame de Bethléem que la jeune princesse puisa cette foi et cette autorité persuasive qui triomphèrent des préjugés de Clovis et le soumirent au joug de l'Évangile. Son exemple obtiendra même un résultat plus décisif ; suivant les traces de son admirable épouse, l'invincible roi des Francs viendra visiter Ferrières pour faire hommage de son cœur et de son sceptre à Notre-Dame de Bethléem. C'est dans un de ses pèlerinages que Clovis jeta les fondements de l'église de Saint-Pierre. Childebert, en héritant de la couronne, recueillit aussi les chrétiens enseignements de son royal père. Il vint prier à son tour à la chapelle de Notre Dame de Bethléem, et ce fut dans un de ses voyages qu'il conçut le projet de fonder, à Châteaulandon, le monastère de Saint Séverin.


Les rois qui lui succédèrent sur le trône des Francs vinrent aussi à Ferrières, placer sous la protection de Notre-Dame de Bethléem leur personne et leur royaume.


Clotaire II et Dagobert Ier, son fils, se distinguèrent particulièrement par leur piété envers le miraculeux sanctuaire.


Sous le règne de Dagobert, le seigneur d'Etampes et du Gâtinais, le duc Vandelbert vint aussi, à l'exemple du roi, s'agenouiller au milieu des pèlerins dans la chapelle de Notre Dame de Bethléem. Pépin y demandera le secours de Dieu, pour venger, sur les nouveaux Vandales du Midi, les injures qu'ils ont faites à sa Très-Sainte-Mère ; Charlemagne y exposera ses vastes projets de conquêtes et de civilisation chrétienne : Louis le Débonnaire s'y consolera des tribulations et des fatigues que lui impose le pesant fardeau que lui a légué son illustre père. Charles le Chauve et Louis le Bègue, Louis et Carloman, rivalisèrent également de confiance et de piété en se faisant un devoir de visiter la chapelle de Notre-Dame de Bethléem et de mettre leurs États sous la garde de la Reine du Ciel. Chacun de ces princes obéissait au désir de profiter des faveur et des indulgences accordées aux pèlerins de Bethléem par le Pape saint Grégoire II. C'est ce que firent encore Philippe Ier, Louis le Gros, Philippe-Auguste, Philippe de Valois, puis Louis XI, Henri IV et Louis XIII, de pieuse mémoire.


Les pèlerins y abondent de toutes parts en procession, venant de tous les pays du Gâtinais, comme de Montargis-le-France qui témoigne particulièrement son zèle et sa dévotion, en quoi elle ne cède à aucune ville de France, le lendemain de la Pentecôte, venant en solennelle procession, pour gagner les grandes et solennelles indulgences. "La même piété amenait au sanctuaire de Notre-Dame de Bethléem les habitants de Chateaulandon, de Courtenay, de Chateaurenad. Beaucoup de ces pèlerins venaient pieds nus, à jeun, pour obtenir plus surement le secours de la Vierge de Bethléem en leurs adversités."

Le concours des fidèles à la chapelle miraculeuse prit même telles proportions, qu'en la seule année de 1615, plus de 80 paroisses y vinrent, bannières déployées, pour implorer la protection de la Sainte Vierge contre les rigueurs d'une désolante sécheresse. Outre les villes de Montargis, Courtenay, Chateaurenard, Nemours et Chateaulandon, la presque totalité des paroisses de ces divers cantons prirent part à ce grand pèlerinage.


Malgré l'affaiblissement de la foi dans nos régions, il nous reste un souvenir des grands pèlerinages d'autrefois. Chaque année, le lundi de la Pentecôte, une foule considérable, venue de cinq à sept lieus se presse encore dans le sanctuaire de Notre-Dame de Bethléem. Espérons que ce reste de piété et de confiance est un gage laissé par la Providence, en attendant que les générations futures aient retrouvé la ferveur et les généreux élans des siècles passés.

L. Devèlemont.

 

On peut lire dans La semaine de Meaux en 1899 (article repris la même année dans les Annales Religieuses et Littéraires de la Ville d'Orléans)

Ferrières-en-Gâtinais.Premier anniversaire du couron­nement de Notre-Dame de Bethléem.


La chaleur excessive des semaines précédentes avait amené une série d’orages. A l’aurore du jour anniversaire du couronnement, de sombres nuages cou­raient dans les espaces célestes et laissaient par intervalles tomber de copieuses ondées. Mais l’antique adage est fondé : La pluie du malin n’empêche pas le pèlerin..., à moins qu’il ne soit par trop timide. Les intrépides furent récompensés : à leur descente à la gare de Ferrières-Fontenay, le ciel recouvra sa sérénité. Un train spécial partant de Melun n’amena pas moins de 350 voyageurs. Un autre train, organisé par le doyen de Voulx et le curé de Cannes- Écluse, en compta presque autant. La partie méridionale du diocèse de Meaux entend rester fidèle à visiter, chaque année, la reine du Gâtinais. De Montargis, accoururent 300 fidèles conduits par leur nouveau doyen, bien que cette importante paroisse vienne tous les ans à Ferrières, le lundi de la Pentecôte, pour la procession solen­nelle des reliques. Le diocèse de Sens ne fournit, cette fois, que des pèlerins isolés.

Quoi qu’il en soit, 2000 fidèles se trouvèrent réunis pour la grand’messe, à la suite de 150 prêtres. Le clergé meldois était représenté par les chanoines Rousseau, Darras, Barbier, Gatellier, et les doyens de Chateau-Landon, de Bray, de Voulx, de la Chapelle-la-Reine. Les doyens de Montargis, de Courtenay, de Château- Renard, d’Ouzouer-sur-Loire, et d’autres encore, entouraient leur évêque, Mgr d’Orléans, escorté de deux vicaires généraux.


Tout était disposé avec goût pour la solennité.


Au fond de la grande cour de l’abbaye bénédictine, à l’ombre des arbres, on avait monté une large estrade que dominait une belle statue de la Vierge-mère. Un autel y avait été dressé au milieu des plantes et arbustes. La chapelle de Notre-Dame, située en avant comme aux pieds de la grande église Saint-Pierre, avait reçu sa plus riche ornementation.


A huit heures, Mgr Touchet dit, dans le sanctuaire de Bethléem, une messe basse devant 500 fidèles ; le plus grand nombre reçut de ses mains la sainte communion.

Après cette messe si édifiante, le groupe de Fontainebleau, fort de 200 personnes parmi lesquelles plusieurs habitants de Meaux, se groupa devant la Madone pour réciter les mystères joyeux du Rosaire, que le curé de La Genevraye commentait à la façon des missionnaires.


A dix heures, pour la grand’messe, le cortège épiscopal sort de l’église principale et se rend sur l’estrade dans la cour de l’abbaye, Mgr Touchet assiste pontificalement au divin sacrifice offert par le chanoine Barras, archiprêtre de Melun. Les séminaristes des Mis­sions étrangères de Paris, les aspirants, ainsi qu’on les appelle, ne sont pas là comme les années précédentes ; ils ne reviendront plus en vacances à Ferrières. Un chœur d’ecclésiastiques les remplace et exécute avec précision les morceaux liturgiques.


De frugales agapes réunirent tous les prêtres dans une des salles gothiques de l’abbaye, sous la présidence de Mgr Touchet, L’évêque d’Orléans veut bien ne pas laisser ses convives se retirer, sans leur adresser la parole. L’éloquent pontife se félicite d'avoir réunis les trois diocèses de Meaux, de Sens, d’Orléans. « L’Église n’a pas de frontières, elles s’étend partout. Cette fraternisation en est l’indice. Resserrons-la. La manifestation de ce jour est un grand acte qui affirme l’unité et la vitalité de l’Église. Sans doute, la parole de Notre Seigneur est toujours vraie ; nous sommes le pusillus grex, la minorité ; mais ayons confiance, nous avons une force incompa­rable, celle de la prière. Employons-la. Prions les uns pour les autres, les prêtres pour leur évêques, les évêques pour leurs prêtres. » Et le prélat envoie un salut respectueux et cordial à l’évêque de Meaux et à l’archevêque de Sens, qu’il espère bien revoir à Ferrières, et termine en engageant ses auditeurs à prier pour l’Église et pour la France...


A 2 heures, le clergé va de l’église à la chapelle de Bethléem prendre la statuette couronnée l’an dernier à pareil jour par Mgr Touchet, délégué par Sa Sainteté le pape Léon XIII. Deux doyens Orléanais reçoivent sur leurs épaules le brancard de la Madone, qu’ils déposent sur une place d’honneur, sur l’estrade de l’autel. La foule salue par de joyeux cantiques l’héroïne de la fête.


Après le Magnificat, le R. P. Arlin, des Frères Prêcheurs, d’une voix claire et harmonieuse, chante les "gloires de Ferrières". Sur ce thème tant exploité, le sympathique dominicain trouve des aper­çus nouveaux qu’il présente dans une langue imagée, digne d’un disciple de Lacordaire. Le digne religieux ne tarda pas à recevoir *es félicitations publiques d’un maître dans l’art de bien dire, Mgr Touchet.


.La procession se déroule ensuite dans les rues étroites et joueuses de la vieille cité. Les pèlerins suivent la Madone bien-aimée. Les cantiques retentissent sans interruption, puisqu’on n’a plus la fanfare des aspirants pour reposer les chanteurs. Sur l'air si vivant et si populaire de Lourdes, c’est d’abord le chant spécial aux pèlerins de Ferrières qui raconte, en vingt-sept couplets la mission des trois apôtres du Gâtinais, l’apparition de la Vierge-Mère, la nuit de Noël, les miracles si nombreux opérés en ce lieu' Avec enthousiasme on répète :

Bethléem de France,

Qui vis le Sauveur,

Sois mon espérance,

La paix de mon cœur,

Ave, ave, ave, Maria !


Pendant le trajet, le successeur de saint Altin ne se lasse pas de bénir les petits enfants. Au retour, résonne le cantique du départ sur l’air: Pitié, mon Dieu!


A Bethléem, sur les traces des mages,

En pèlerin je suis venu prier;

A Marie présenter mes hommages,

Dire à son cœur de ne pas m’oublier.


Et les sept strophes suivantes avec leur refrain touchant.


On rentre à l’abbaye pour le salut solennel qui couronne cette suave journée. Après avoir donné la bénédiction du Très Saint Sacrement, Mgr Touchet improvise une allocution à la foule, avide le l’entendre. Il est impossible démettre plus de grâce, de charme de courtoisie, de sentiment dans l' «Au revoir» que Sa Grandeur adresse aux prêtres du diocèse de Meaux et de Sens et à leurs fi­dèles, à ses prêtres d’Orléans qui « veulent bien l'appeler leur ami», et à ses diocésains, et en particulier, aux habitants du Gàtinais, « cette terre d’essence française, » qu’il supplie de revenir à la foi vive de leurs aïeux. Puis utilisant les comparaisons si heureuses du R. P. Arlin, qu’il félicite chaleureusement, l’auguste orateur étend son regard sur la situation de la France, et exprime l’espoir de la voir sortir de la crise actuelle. Le passé répond de l’avenir. Par quelques traits saisissants, Mgr Touchet montre, l’histoire en mains, comment Dieu a tiré notre pays plusieurs fois des abîmes d’où il ne semblait pouvoir sortir. Notre génération obtiendra le salut de la patrie par la prière.


Pour entendre un langage aussi réconfortant et aussi patriotique, les auditeurs se promettent de répondre à la pressante invitation de l’évêque de la vénérable Jeanne d’Arc. De son côté, l’infatigable doyen espère obtenir bientôt, l’année prochaine peut -être, la plan­tation d’une des croix transportées à Jérusalem par les pèlerins de la pénitence, et offertes au retour successivement aux principaux sanctuaires de France.



Miracles à Ferrières. Dom Morin, prieur de Ferrières, qui a rédigé au XVIIe siècle un historique de son monastère et du pèlerinage, cite un certain nombre de miracles, qui tendent à prouver que les pèlerins ne sont pas toujours déçus : Les témoins interrogés, touchant les miracles opérés par la miséricordieuse puissance de Notre-Dame de Bethléem, racontèrent qu'ils en avaient vu plusieurs, et qu'ils étaient même si fréquents que les gens ne sortaient plus de leur maison pour constater ces faits. […] Jean Moschefol assura pareillement que sa femme ayant mis au monde un enfant mort, le voua à Notre-Dame de Bethléem. Puis, l'ayant porté sur l'autel de la chapelle, se mit à prier et à conjurer la Vierge Marie de ressusciter son enfant. Or, une demi-heure s'était à peine écoulée qu'on s'aperçut que cet enfant vivait. Aussitôt on le baptisa et il vécut plus de dix ans. Mais les miracles recensés ne concernent pas que des enfants : L'an 1411, Pierre du Cymetière chargé par le roi Charles VI, de faire exécuter un arrêt du conseil privé par les habitants d'Orléans, fut saisi par ceux-ci et jeté dans la prison de la Tour-Neuve. Espérant peu du côté des hommes, et se souvenant des éclatants miracles qu'on disait opérés à Ferrières, il fit vœu en l'honneur de Notre-Dame de Bethléem. Or, à peine eut-il formulé son serment, que, soudain, une muraille s'ouvre devant lui, et le prisonnier s'évade au grand étonnement des Orléanais qui regardaient le fait comme impossible.

 


 

Poursuivez vos recherches à la Bibliothèque Diocésaine d'Orléans avec :

  • Ferrières-en-Gâtinais : les vitraux du XVIع siècle / Association Rencontre avec le Patrimoine religieuxRencontre avec le Patrimoine religieux2003

  • Ferrières-en-Gatinais (recueil factice)

  • Un calendrier au Xe siècle : Le Comput de l'Abbaye de Ferrières / Félice, Pierre de - l'Harmattan 2010

  • Origine miraculeuse et histoire de la Chapelle de N.D. de Bethléem de Ferrières-en-Gatinais / Crochet, Louis (abbé) - H. Herluison 1890

  • Notre-Dame de Bethléem / Artaud, V.-D. - Imprimerie Sainte-Marie-des-Champs - 1898

  • Couronnement de N.-D. de Bethléem : Le Sanctuaire. - La Vierge miraculeuse. L'Abbaye de Ferrières, Histoire et description suivies du bref de S. S. Léon XIII et de la lettre pastorale de S. G. Mgr Touchet Evêque d'Orléans / Jarossay, Eugène (abbé) - H. Herluison 1898

  • Notice abrégée sur l'origine miraculeuse et l'histoire de la chapelle de : Notre Dame de Bethléem à Ferrières-en-Gatinais / Crochet, Louis (abbé) - H. Herluison 1891

  • Notre-Dame de Bethléem à Ferrières-en-Gatinais / Bernois, Constant (abbé; 1853 - 1937) - Paul Pigelet & Fils, Imprimeurs-Editeurs 1898

  • Histoire de Ferrières-en-Gâtinais et des environs : D'après Dom Guillaume Morin, Histoire générale des pays du gastinois, senonois et hurpois - 1630, Livres V et VI / Association de recherches sur le Ferrièrois 2011

  • Congrès archéologique de France : XCIIIe session tenue à Orléans en 1930, par la Société Française d'Archéologie / Aubert, Marcel - Librairie Auguste Picard 1931

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