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La Toussaint et le Jour des Morts à Orléans



Lithographie imprimée de Sennefelder et cie extraite de Cimetières d’Orléans, 3e livraison, par Charles-François Vergnaud-Romagnési. 1824.  Archives municipales d’Orléans. C 4082.

Les fêtes de la Toussaint ont été célébrés dans les douze paroisses d'Orléans avec la plus grande solennité. La foule a envahi nos églises.


A la Cathédrale surtout, on a remarqué, aux offices de ce saint jour, une grande affluence de fidèles.

Mgr l’Évêque d'Orléans (Mgr Dupanloup ndlr), malgré son état de fatigue, a pu, cependant, assister aux principales cérémonies de la Toussaint.


Mgr le Coadjuteur a officié pontificalement à la messe, aux vêpres, au salut de cette belle fête. Il a également fait l'absoute, dans la Cathé­drale, le Jour des Morts, et présidé la procession générale au cime­tière de Saint-Vincent, où il a fait la bénédiction du monument tout ré­cemment élevé en l'honneur des victimes de la guerre de 1870-71.


Ce mausolée, heureuse conception où la grandeur s'allie à la simpli­cité, est un vrai tumulus à la fois chrétien et guerrier. Sa pyramide monumentale qui surmonte sa vaste crypte n'est ornée que d'une croix, et d'une couronne. Dans sa galerie funéraire reposent aujourd'hui 2 111 soldats. Une idée de civilisation toute chrétienne a évidem­ment présidé à l'érection de ce noble monument : vainqueurs et vaincus, amis et- ennemis, français et allemands dorment-là, comme des frères d'armes, à l'ombre de la Croix, symbole du pardon, de l'héroïsme, de l’espérance ! '


Notre 5° corps d'armée était représenté à cette cérémonie par de vaillants chefs et par des groupes nombreux d'officiers de tout rang et de toutes armes. D'ailleurs une foule pieuse, recueillie, émue, couvrait littéralement notre Campo-Santo orléanais .


Dans la double fête de La Toussaint et des Morts, c'est l'unité des trois églises du ciel, de la terre et du purgatoire, la communion des saints que nous célébrons. Unies, en effet, par le lien de la charité qui est Dieu, Deus charitas est, tout leur devient commun. La félicité de L’Église triomphante est la joie et l'espérance de l 'Église militante, l'espérance et le secours de l’Église souffrante. Les expiations douloureuses de l’Église souffrante émeuvent les élus du ciel et les fidèles de la terre qui en appellent et en hâtent la fin. Mais les combats de l’Église militante, quel retentissement n'ont-ils pas dans ces demeures célestes ! quels échos émus n'éveillent-ils pas dans le Purgatoire : la gloire de Dieu qu'ils intéressent, la gloire des élus qu'ils accroissent, les douleurs des âmes souffrantes qu'ils apaisent qu'ils abrègent.

In Annales Religieuses et Littéraires d'Orléans - 1877, p. 685-686

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