Les petits mariniers du Gâtinais

Dans les Annales Religieuse - 1895

Chaque année, les ca­naux chôment pendant plusieurs semaines des mois de juil­let et d’août. Durant cette période, le canal de Briare ou du Loing, le premier qui fut creusé en France, et qui met en com­munication la Haute Loire et la Seine, voit des flottilles nom­breuses se grouper auprès de différentes villes, comme tous autres du reste.

On profite de ce repos forcé pour préparer à la première communion les enfants des bateliers. C’est ainsi que, à Nemours, une de ces dernières années, trois garçons et une fille furent confiés à des catéchistes volontaires : ces enfants mirent tant de bonne volonté qu’ils subirent avec succès l’examen néces­saire ; ils l'auraient emporté sur beaucoup des élèves des écoles communales. On les admit à la Table Sainte, le 15 août, avec tous les honneurs réservés à la première communion générale. Leurs grands frères et sœurs assistèrent avec joie à cette fête intime. « Dans notre rude métier, disait l’un de ces braves gens, nous n’avons pas d’autres fêtes que les baptêmes et les premières communions. » Il y a souvent beaucoup de foi dans ces tra­vailleurs qui tirent leurs bateaux sur le chemin de halage; ils ne peuvent pas souvent assister aux offices divins, mais pendant le chômage beaucoup se rattrapent. Les quatre communiants de l’Assomption à Nemours ont continué à venir, pendant plus de quinze jours, jusqu’à leur départ, chaque matin à la sainte messe et le vendredi au chemin de la croix, qu’ils suivaient avec une attention et une piété vraiment touchantes. Ils étaient si heureux qu’ils disaient aux prêtres de la paroisse : « Quand nos bateaux repasseront par ici, nous reviendrons communier encore, n’est-ce pas?» Plusieurs de leurs devanciers n’y ont pas manqué; par reconnaissance, ils vont en outre rendre visite aux chrétiennes zélées qui les ont instruits.