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Pèlerinage de Sainte Radegonde à Chambon (1877)


Les Veilles de Sainte Radegonde, tel est, dans notre Gâtinais, le nom traditionnel des trois dimanches qui suivent l'Assomption. Les pèlerins accourent alors nombreux au sanctuaire de Chambon, pèlerinage antique de cette auguste Reine de France.

 

Mgr Coullié, assisté de M. l'abbé Rabotin, s'est rendu dimanche der­nier (26 août ndlr) à Chambon, où il a présidé le pèlerinage en l'honneur de Sainte­ Radegonde.


Dès la première heure, les pèlerins avaient déjà comme envahi le bourg et la foule se pressait aux abords de l'église de Chambon.

Non seulement les villes du Gâtinais, mais Orléans, Gien, Sully, etc., étaient représentées dans cette solennité. Sully surtout, cette paroisse qu'un lien récent rattache à Chambon, avait amené là, sur neuf vastes voitures, toute une caravane de pèlerins.


La famille Nizerolles, aujourd'hui la providence des pauvres à Nibelle, qui, comme paroissienne de Saint-Eustache, à Paris, garde et depuis longtemps déjà pour Mgr Coullié, une amitié vive, reconnaissante, respectueuse, avait mis avec empressement à la disposition de Monseigneur et de ses prêtres ses équipages et une hospitalité aussi délicate qu'opulente. .


Un clergé nombreux, répondant au désir du sympathique curé de Chambon, était venu se grouper autour du Prélat. Citons d'abord deux enfants de Chambon, M. l'abbé Méjasson, curé de Saint Marc, et M. l'abbé Cribier, curé de Dry, qui ont voulu présenté eux-mêmes aux bénédictions de l'Évêque le vieil et vénérable instituteur qui fut leur pre­mier maitre d'école ; M. Flattet curé-doyen de Beaune; M. Bertheau, curé-doyen de Sully; MM. les curés de Nancray, Nibelle, Combreux, Saint-Michel ; M. l'abbé Vincent, professeur du séminaire et plusieurs autres ecclésiastiques.


La messe de communion générale, dite par Monseigneur, a été le premier acte et la grande consolation de cette belle journée. Cette cé­rémonie est couronnée par une allocution où Mgr le Coadjuteur, tout en développant les enseignements de ce pèlerinage, communique à ses auditeurs les joies et les espérances de son cœur.


Bientôt les pèlerins se forment en un long et pittoresque cortège qui va se déroulant à travers champs et prairies, étreindre de ses plis et replis la fontaine miraculeuse où la multitude, comme aux âges de foi, se montre impatiente de voire une eau bienfaisante, de se laver dans cette nouvelle Siloë, où suivant la tradition, Radegonde fugitive s'est désaltérée et où, depuis ce jour, il ya douze cent ans, s'accomplissent des merveilles de grâce.


Au retour de cette procession qui parcourt six kilomètres, malgré le vent, l'abbé Rabotin célèbre la messe du pèlerinage en plein air, sur le balcon du château. Ici nous avons sous les yeux un spectacle des plus saisissants. Mais nous ne le décrirons point ; d'ailleurs nous avons hâte de céder la parole M l'abbé Cribier, qui évoque ses meilleurs souvenirs d'enfance, fait, pour nos lecteurs, cet intéressant récit du Pèlerinage de Sainte-Radegonde :


« Au VIe siècle, vivait à Poitiers, dans un monastère célèbre, une sainte femme qui attirait dès lors, sans le vouloir l'attention du monde chrétien ; fille d'un roi de la Thuringe, épouse de Clotaire Ier roi des Francs, et poussée par une suite d'événement tragiques a chercher un refuge dans la vie religieuse. Cette sainte femme était Radegonde : pieuse reine qui reste encore après plus de douze siècles ce qu'elle fut pendant sa vie ; grande parmi les grands, populaire parmi le peuple ; douce et noble figure, délicieusement esquissé dans notre histoire nationale par Venance Fortunat et Grégoire de Tours, ses contemporains et reproduite de nos jours, quoique avec des nuances différentes.


« Le peuple fait mieux, même le peuple d'aujourd'hui. Tandis que les savants dissertent, il prie.

« Personne n'ignore l'immense concours de fidèles que l'on voit chaque année, à Poitiers, au tombeau de cette reine illustre. Ce que l'on sait moins peut-être, à Orléans, c'est le culte spécial que l'on rend à Sainte-Radegonde dans une partie de l'Orléanais. Le diocèse d'Orléans compte jusqu' à sept paroisses qui lui ont dressé des autels : Donnery, Bray, Saint-Maurice-sur-Fessard, Courtempierre, Villevoques, La Selle-sur-le-Bied et Chambon.


« Dans ce dernier village, situé sur la lisière orientale de la forêt d'Orleans, se trouve le pèlerinage le plus fréquenté en l' honneur de sainte Radegonde. Plus de cinq mille pèlerins s'y rendent chaque année, à l'époque de sa fête. On les voit, dès le matin, se présenter en foule aux portes de l'église ou au bord de la fontaine consacrée à la Sainte d'après un antique usage sanctifié par le christianisme.


«L'église s'élève non loin de l'ancien château des comtes de La Luzerne. Le pèlerin qui descend, au lever du jour, des hauteurs de la foret l'aperçoit se détachant dans la lumière sur un massif sombre, image sensible, du moins pour nous, des destinées de cette pieuse reine qui tranche également, suave et pure, à côté de sainte Clotilde, sur le fond si noir des palais Mérovingiens. Dans cette humble église reposent ses reliques et une statue très ancienne et très vénérée qui représente la sainte un diadème au front, sous son costume de religieuse. C'est devant cette statue qui a vu passer tant de générations, c'est devant ces reliques sacrées qui ont entendu tant de prières que les nombreux pèlerins viennent invoquer la bonne sainte Radegonde avides et recueillis comme si elle était vivante et présente devant eux.


« En suivant le grand chemin qui monte au bourg de Chambon vers Nibelle-Saint-Sauveur, puis en se dirigeant à droite le long d'un grand bois, on arrive en un lieu désert ; à peine quatre ou cinq maisons éparses entre des arbres. Là, sur la pente d' un vallon, au milieu d'un pré, coule une source recouverte d'une grotte : c est la fontaine de Sainte-Radegonde. En face, sur un tertre, une croix ; non loin de là, les restes d'une chapelle à moitié démolie, à moitié transformée en habitation, portant pour seul ornement une grosse touffe de lierre ; vers le couchant, une ceinture verte formée par la forêt et qui encadre le paysage.


« Au-dessus de ces bois, de ce vallon, de cette fontaine, de ces ruines, l'ombre de la sainte semble planer du cieI.

« Il est vrai de dire au moins que sainte Radegonde occupe principalement la pensée du pieux voyageur. Le lieu lui même porte à la méditation ; il est tellement solitaire, il est de plus tellement en harmonie avec les souvenirs de la légende ! N' est-ce pas ainsi, en effet, que l'on se représente la Thuringe, pays de bois et de bruyères ou naquit la Saint e et dont elle conservait encore, à l'âge où les cheveux blanchis sent, un souvenir si vif, mais non sans une légère teinte de tristesse (Fortunat).


" Sa vie s'écoula sans bruit dans la solitude, comme les eaux de cette source au fond de la vallée.

« C'est donc au bord de cette fontaine que les pèlerins viennent aussi prier. Ils puisent un peu d'eau dans cette nouvelle Siloé ; ils y trem­pent des linges destinés aux malades et qu'ils ne manquent pas de faire bénir, n'attendant rien que de l'intervention divine. Confiance touchante du peuple ! Tendance visible de l'âme humaine au surnaturel !"


 

L'abbé Patron écrivait : "L'ancien pèlerinage de sainte Radegonde est très fréquenté pendant les trois dimanches qui suivent l'Assomption. Près de la fontaine de Sainte Radegonde, on voit une chapelle en ruine où l'on va en procession tous les trois ans. Cette chapelle rappelle l'ancien prieuré de sainte Radegonde. L'abbé de Gramont nommait le prieur". De nos jours, cet ancien pèlerinage a été restitué par l'Eglise catholique orthodoxe de France, grâce au R.P. Louis Rollin de Trinay. Chaque année, il semble assez suivi par une petite foule de fidèles, mais aussi (et surtout) de vacanciers curieux.

 

Dans la République du Centre du 6 septembre 2014


La paroisse orthodoxe Saint-Avit d'Orléans a organisé, comme chaque année depuis plus de trente ans, un pèlerinage à la fontaine Sainte-Radegonde située en forêt chambonniotte.

Venue de la région Centre ou d'Ile-de-France, une poignée de fidèles a fait le déplacement pour y retrouver Monseigneur Germain de Saint-Denis, évêque de l'église orthodoxe de France, qui préside l'office depuis la reprise, en 1982, du pèlerinage. « C'est le père Louis Rollin qui a relancé ce pèlerinage éteint avec la guerre de 1914, renseigne l'évêque. Il avait découvert son existence dans un livre ancien et a retrouvé, totalement recouvert par les ronces et les taillis, le petit édifice dans lequel jaillit la source. Avec l'aide du propriétaire du bois, il a dégagé le lieu pour le rendre accessible à tous ».


Pour se rendre de Sens (Yonne) à Poitiers (Vienne), Radegonde (518-587), reine des Francs et moniale, avait emprunté la voie romaine passant non loin de Chambon. Mourant de soif, disent les documents anciens, la pieuse reine fit jaillir, en frappant le sol de son pied, une source fraîche et limpide ! La fontaine trône au centre d'une crypte de verdure protégée par les hautes branches des bois alentours.


Ancien rite des Gaules


La liturgie a suivi l'ancien rite des Gaules, en Français chanté. Au cours de la célébration, la vie exemplaire de la sainte a été rappelée. À son issue, les fidèles ont puisé de l'eau à la fontaine pour l'emporter dans leurs foyers. Monseigneur Germain était assisté du père Joël Loiseau, recteur de la paroisse Saint-Avit d'Orléans, du diacre Philippe Forestier et du sous-diacre Alain Baronnet, tous deux rattachés à la paroisse de Nevers (Nièvre).

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