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Le pèlerinage de Combreux


Lieu de pèlerinage, Combreux rassemblait entre 1876 et 1952 des milliers de personnes. Jusqu'à 18.000 pèlerins en 1904.

 

François Veuillot dans L'Univers et le Monde du 6 avril 1901 écrit :


Avant la fin du mois (avril 1901 ndlr), nous verrons à nouveau combien Lourdes est un foyer qui attire. Mais Lourdes est aussi un foyer qui rayonne.


Quand Marie le veut, de tous les points de France une armée se lève et se met en marche, afin de la prier devant la grotte où elle apparut. [...]


La dévotion des fidèles a fait rouler des torrents humains vers la cité pyrénéenne ; mais elle a fait jaillir de la terre, en tous lieux, des souvenirs de Lourdes. De ces "Lourdes" établis très loin des Pyrénées et devenant très vite un rendez-vous de la piété mariale et un trône où Marie daigne exercer son pouvoir bienfaisant, Combreux, à coup sûr est l'exemple le plus frappant que nous ayons vu.


Combreux, très antique village installé dans une éclaircie de la forêt d'Orléans, fut durant de longs siècles une belle paroisse. En passant sur lui, la tempête révolutionnaire emporta son titre paroissial et, jusqu'en 1841, Combreux n'eut plus de curé. Mais, à cette époque on lui rendit sa situation d'autrefois et, bientôt, les curés de Combreux allaient se voir dotés d'un des plus chers et plus beaux pèlerinages de la province orléanaise.


Comment cet honneur advint-il à Combreux ? De la façon la plus simple et nous dirions volontiers la plus ordinaire.


Combreux possède un château, ce qui n'est point rare évidemment. Mais ce qui est malheureusement de plus en plus rare aujourd'hui, le château de Combreux est habité par un lignée de grands chrétiens (chrétiens non seulement parce qu'il sied aux vieux noms français de garder le parfum des antiques vertus, mais parce que la noblesse de race, en cette famille illustre, est accompagnée de la noblesse du cœur).


Roger-Louis-Paul-Alexandre de la Rochefoucauld, duc d'Estissac, en 1876, était châtelain de Combreux. Déjà, la générosité de sa famille et la sienne propre avait donné à la paroisse un presbytère et une église. En se faisant le docile et actif instrument de la Vierge Marie, le pieux gentilhomme allait enrichir Combreux d'un monument d'apparence infiniment plus modeste et de renom cent fois plus glorieux.

Cette année là, l'écho d'un prodigieux évènement remplissait le château de Combreux. Au château des Poiriers, que possédait à Pellevoisin le comte Arthur de la Rochefoucauld, frère du duc d'Estissac, une servante, Estelle Faguette, avait été privilégiée, disait-on de grâces extraordinaires et, à coup sûr, d'une guérison merveilleuse. Or c'était Notre Dame de Lourdes, honorée à Pellevoisin dans une grotte édifiée par le châtelain des Poiriers, qui avait accordé cette insigne faveur à la jeune femme.


Immédiatement, la pensée de construire à Combreux, une grotte pareille, enthousiasma les enfants du duc et de la duchesse d'Estissac. Aussitôt conçu, le projet fut adopté ; Mgr Dupanloup, consulté par le duc, y donna son approbation ; le généreux châtelain choisit, sous les grands arbres du parc, un emplacement qui permit l'accès du futur sanctuaire aux habitants du village. Et le 3 octobre 1876, une grotte pittoresque et imposante élevait son roc, habilement ouvragé, à l'ombre des vieux chênes et abritait la statue de Marie.


L'origine du pèlerinage est, tout entière, en ces quelques faits, si simples et si modestes.


Or, dès le lendemain, les paysans de Combreux venaient y prier tour à tour ; et trois semaines plus tard, quand M. l'abbé Rabotin, vicaire général, apporta la bénédiction de l'évêque à l'humble sanctuaire, un millier de fidèles accourus des pays environnants lui faisaient une couronne superbe et consolante. Marie, dès ce jour, avait voulu montrer qu'elle prenait possession du nouveau pèlerinage, afin d'y attirer les populations orléanaises.


Le troisième dimanche d'octobre 1877, en la fête de la Pureté de Marie, Mgr Coullié, coadjuteur d'Orléans, avait célébré le couronnement de Notre Dame de Lourdes à Combreux. Désormais, ce jour allait être choisi pour la grande fête annuelle, à la grotte érigée par le duc d'Estissac. Et chaque année, dès lors, à la même date, on a vu Mgr Coullié, puis Mgr Touchet, conduire aux pieds de la Vierge une armée de pèlerins.


D'abord, les pays d'alentour ont fourni le contingent de la cérémonie. Peu à peu, tout le diocèse est venu se réunir autour de son pasteur. Enfin Paris lui-même a envoyé ses pèlerins zélateurs, ses tertiaires et ses adorateurs de Montmartre.


Il y a six ans (1895), l'on reconnut que, depuis longtemps déjà, l'église paroissiale était trop exiguë pour contenir la foule ; on décida de dresser un autel en plein air, et, maintenant, c'est sous la voûte du ciel et dans l'encadrement des feuillages dorés par l'automne que les milliers de pèlerins voient se dérouler les offices et se réchauffent le cœur aux prédications.


Résultats déjà merveilleux, surprenants pour le clergé lui-même, qui rarement avait pareil élan de prière et de foi, chez les diocésains d'Orléans.


Ce n'était rien encore. En 1897, un fait se passa, que l'on peut regarder aujourd'hui comme un prélude. Un bourg voisin de Combreux, Saint Martin d'Abbat, fit bénir, aux pieds de la Vierge, une bannière du Sacré Cœur exécutée à l'occasion d'une trouvaille inattendue : l'on avait découvert, en cette paroisse, une inscription de 1622, sur laquelle était gravé le Cœur divin. La dévotion pour le Sacré Cœur était donc vivante, en ces contrées, un demi-siècle avant les révélations de Paray.


L'année suivant, en effet, en 1898, une inspiration du ciel entraîna Mgr Touchet à prêcher aux fidèles, avec sa flamme éloquente et son verbe coloré, l'amour du Sacré Cœur. Or, le P. Lemieus était là, qui avait conduit les paroissiens. Du sein de la foule, il se leva : une charrette amenée par quelques bras vigoureux lui servit de chaire et l'apôtre de Montmartre, arborant le drapeau du Sacré Cœur, excita les hommes à se grouper à l'ombre de ses plis. Ensuite, après la vibrante et convaincante allocution du religieux, l'évêque enveloppa le drapeau national et divin d'une bénédiction solennelle et des étendards, écussonnés du Cœur de Jésus, furent distribués au pèlerins.


De cette heure, étaient conçus, les "groupes d'homme de France au Sacré Cœur" organisés par paroisses et rangés sous ce drapeau béni, dont les trois couleurs encadrent ce Cœur infiniment sain. Oui ce vaste et fécond mouvement, qui attire à Jésus les Français croyants et virils, il a pris naissance à Combreux, six mois avant le grand pèlerinage de Lourdes...


Et l'an dernier (1900), le troisième dimanche d'octobre, on comptait dans ce coin privilégié du Loiret, plus de douze mille fidèles et cent dix groupes d'hommes, organisés dans autant de paroisses orléanaises.

 

Dans les Annales Religieuses de 1882, un pèlerin raconte :


Les pèlerinages, quoiqu'on en ait dit, sont bien décidément dans nos mœurs, et cela est vrai non seulement pour ces grandes manifestations chrétiennes qui entrainent de nos jours sur tous les points et dans toutes les directions de la France les foules enthousiastes les sanctuaires les plus vénérés, mais aussi pour ces élans qui soulèvent de temps à autre les populations en apparence si froides de nos du Centre. Ce besoin de s'unir dans la prière est aujourd'hui vif, si puissant qu'il suffit que des mains pieuses élèvent quelque part un monument en témoignage de leur foi pour que les fidèles s'y portent avec empressement et viennent joindre à ce témoignage de celui de leur espérance et de leur amour.


La belle fête de dimanche dernier dans la petite paroisse Combreux en est une belle preuve. On y célébrait le sixième anniversaire de la bénédictin d'une statue de N.D. de Lourdes qu'un pensée de foi avait un jour placée dans le parc du château au-dessus d'une grotte, imitation charmante mais nécessairement bien imparfaite des roches Massabielles et qui était devenue presque aussitôt l'objet de la vénération générale dans la contrée.


Cette fête qu'on voir revenir avec bonheur à chaque automne, empruntait cette année un éclat particulier en présence de Monseigneur [Coullié], qui avait bien voulu choisir ce jour pour donner la confirmation aux enfants de Combreux.


Des exercices religieux devaient pendant trois jours préparer les âmes à cette double solennité. Le pieux empressement des fidèles répondit à l'admirable dévouement et à la noble simplicité du Prédicateur.


Mais c'est surtout dans l'après midi que cette manifestation devait avoir tout son éclat. De bonne heure les pèlerins arrivaient nombreux sur toutes les routes. Ils venaient de Sury, de Vitry, de Fay, de Nesploy, de Nibelle, de Châteauneuf, de Boiscommun surtout, et dès le commencement de la cérémonie, la ravissante petite église gothique due aux pieuse libéralités d'une famille dont on retrouve partout dans ce pays les généreuses initiatives et les délicates attentions se trouvait trop étroite. Ai-je besoin de dire qu'elle avait été pour cette circonstance, comme toujours du reste décorée avec un goût parfait.


[...]


Rien de pittoresque comme cette entrée de la procession dans la forêt. Ces chants qui se croisent, ces cantiques qui se confondent, ces prières qui se répètent, ces rangs qui se mêlent sans se rompre, tout cela forme un ensemble d'une émouvante et singulière harmonie. Le bois tout entier semble animé, et malgré soi, on se prend à rêver de ces foules du Ciel qui chantent les louanges de l'Agneau.


Après une courte station devant la grotte, après quelques mots du R. Père, dans lequel on est heureux de retrouver la simplicité, l'entraînement, l'esprit apostolique qui doit faire le fond de son éloquente prédication, après de ferventes prières récitées aux intentions signalées par M. le Curé, le cortège se remet en marche, passant sous les arcs de triomphe élevés en l'honneur de Notre Dame de Lourdes et en l'honneur de Monseigneur, et regagne l'église brillamment illuminée où un salut solennel et la bénédiction du Bon Maître couronnent heureusement cette admirable journée.


 

Souvenirs de l'abbé Roger Ingrain in Renouveau 2005


Un grand nombre de pèlerins Dès le matin du 21 octobre à 6 h 08, des pèlerins arrivent en gare de Combreux, après être montés dans le train en gare d'Orléans à 5 h 08, ou sur le parcours. Des trains arrivent également de Pithiviers et de Montargis. Au total 3300 pèlerins par le chemin de fer! la compagnie d'Orléans offrait une réduction de 50 % à tout groupe d'au moins 25 personnes. Aussitôt descendus des trains, les pèlerins gagnaient le village en procession et en chantant ! L'après-midi pour les Vèpres à 14 h 30, la foule des pèlerins atteignit en l'année 1900, le nombre de 12000. Le chroniqueur a établi une liste nominative des 129 curés du Loiret, des 36 religieux venus de Paris, Blois, Tours et Le Mans. Il cite les Frères des écoles chrétiennes d'Orléans (Saint-Benoît, Saint-Paterne, Saint-Marceau, Saint-Vincent) d'Olivet, Cléry et Chateauneuf. Les religieuses étaient 70, membres de 10 congrégations différentes et de 22 villages du Loiret. 59 paroisses avaient envoyé une délégation d'hommes dont 54 du Loiret, groupée chacune autour d'un drapeau tricolore portant, brodé sur le blanc, le Cœur de Jésus et le nom de leur paroisse. Ajoutons la présence de jeunes notamment de l'œuvre de St Joseph et du groupe de la jeunesse Catholique d'Orléans. Enfin la fanfare "Saint-Marc - Saint-Vincent" accompagnait avec ses instruments les diverses manifestations de la journée

 

Poursuivez vos recherches en bibliothèque avec :

  • Bénédiction de la grotte de Lourdes à Combreux - Annales - 1881

  • Couronnement de la statue de N.D. de Lourdes de Combreux - Annales

  • Pèlerinage de Combreux - 2e dimanche d'octobre - Imprimerie Jeanne d'Arc Orléans - 1903

  • 29e pèlerinage annuel le 9 octobre 1904 - Imp. Auguste Gout à Orléans - 1904

  • 24e pèlerinage annuel du 15 octobre 1899 - ed. Herluison, Orléans - 1899

  • Combreux pèlerinage du 14 octobre 1917 : sermon prononcé par le Chanoine Richard - Ed. Gout et Cie - 1917

  • Combreux et son pèlerinage par M. l'abbé Gorse - ed. Tequi, 1899


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