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Le Pèlerinage de Sainte Christine - Orléans




L'abbé G. Leroy, curé de Saint Vincent écrit dans les Annales religieuses et littéraires de la Ville d'Orléans - juillet 1866


Dimanche prochain. 22 juillet, s'ouvriront, dans l'église paroissiale de Saint-Vincent, les Fêtes, et la Neuvaine de sainte Christine. Tout le monde connait ce Pèlerinage renommé dans la ville d'Orléans et les alentours, et jusque dans des pays éloignés.


Établi autrefois dans l'église de Saint-Liphard, il a été depuis la Révolution, transféré dans celle de Saint-Vincent ; et ce n'est pas sans raison qu'il y est devenu célèbre. Le concours nombreux des fidèles qui y viennent de toutes parts annonce que la sainte Martyre; dont elle garde précieusement les Reliques , n'a pas été invoquée en vain. On a parlé plusieurs fois d'effets miraculeux, mais Dieu n'accorde pas toujours de ces faveurs singulières qui opèrent en un instant; le plus ordinairement, pour mieux exercer notre foi et entretenir notre confiance, il se contente d'une grâce qui agit lentement, mais néanmoins efficacement.


Les pèlerinages sont de toute antiquité dans la Religion. On sait avec quelle dévotion, dès les premiers temps du Christianisme, les fidèles se rendaient aux tombeaux des martyrs. ad memorias Martyrum , pour y vénérer leur mémoire, honorer leurs Reliques, et implorer leur intercession. On y portait les malades. On y passait pour eux des jours et des en prières ; on déposait sur ces, tombeaux des linges, des vêtements, des ceintures, des fleurs, des images, divers objets de piété, que l'on croyait sanctifiés par l'attouchement des précieuses Reliques ; on rappelait les guérisons obtenues par l’application des mouchoirs et des ceintures de saint Paul comme il est raconté au livre des Actes des Apôtres; on avait confiance, et Dieu récompensait cette foi simple et vive par d'insignes faveurs. Saint Augustin, dans son grand ouvrage de la Cité de Dieu, l. XXII, ch viii, cite des exemples de malades incurables, qu'il a vu guéris par l'attouchement de fleurs et de vêtements placés un instant sur la châsse de saint Étienne.


Cet usage des Pèlerinages et des pratiques de dévotion qui s'y observent, a toujours persévéré dans l’Église; et ce qui se fait de nos jours est ce qui s'est fait dans tous les temps avant nous. Nous en avons la preuve dans le Pèlerinage de sainte Christine.


La châsse qui contient les Saintes Reliques est exposée publiquement avec honneur, entourée de fleurs et de lumières. On y présente, les malades, les enfants ; on y fait des prières, on passe à genoux sous cette châsse bénie, comme pour se couvrir de la protection de la sainte Martyre et invoquer la vertu divine qui guérissait autrefois les malades, lorsque l'ombre de saint Pierre venait à passer sur eux.


On y fait réciter sur soi, et sur les infirmes qu'on présente, un passage du saint Évangile, avec l'application de l'étole du Prêtre marquée d'une croix ; c'est encore une manière d'implorer la puissante bonté du Sauveur dont une parole suffisait pour rendre la santé, et.auquel on disait ordinairement : "Venez, Seigneur imposez les mains sur le malade, et il vivra. »


On y fait bénir des linges, des cordons, comme si la bénédiction de Dieu s'attachait plus étroitement à nous, et enveloppait comme d'un manteau, lorsque l'on porte des habits consacrés en son nom : Sperantem in Domino misericordia circumdabit. On allume des cierges devant la châsse : c'est un symbole de foi, un signe d'honneur ; la lumière représente la foi de celui invoque, et la gloire de celui qui est invoqué; "et ainsi, ajoute saint Jérôme, écrivant contre l'hérétique Vigilance qui avait osé critiquer ce pieux usage, ceux qui allument des cierges sont récompensés suivant leur foi. " Quicumque accendunt cereos secundùm fidem suam accipiunt mercedem. Une offrande légère s'ajoute à celle des cierges, afin de contribuer à l'ornement et à l'entretien de la chapelle de sainte Christine, L'Evangile nous raconte avec complaisance combien Notre Seigneur a loué cette pauvre veuve s'étant privée du nécessaire pour déposer deux petites pièces de monnaie dans le tronc du temple.


Enfin, l'assistance aux offices et au sacrifice de la Messe, et, surtout la Communion, doivent couronner ces pratiques de religion. C'est en effet du sacrifice de Jésus-Christ que les Saints tirent leurs mérites, c'est de l'autel que descendent les bénédictions réclamées par leur intercession. Aussi est-ce encore un usage des Pèlerins de terminer leur pèlerinage en baisant avec respect l'autel de sainte Christine.


Aucune de ces observances pieuses n'est donc évidemment ni indifférente, ni inutile. Dieu qui a, renfermé une vertu médicinale dans de simples plantes qui croissent dans les champs, a voulu attacher également. une vertu efficace aux ossements sacrés des Martyrs qui ont combattu pour lui. Il a conféré cette gloire à la face de l'univers, à sainte Christine, à cette enfant généreuse qui, à peine âgée de 12 à 13 ans a affronté les tourments les plus affreux pour son amour. Il a établie auprès de lui la médiatrice de ceux qui souffrent et spécialement des enfants. Et les siècles, s'inclinant devant ses Reliques, et semant des fleurs sur son passage, sont saluée avec reconnaissance : la douce et puissante protectrice que Dieu a préparée aux petits enfants pour les guérir : Alma medicatrix a Deo exhibita inrantulis

 

Dans le journal du Loiret du 26 juillet 1855

Dimanche dernier a commencé, dans l'église de Saint-Vincent, la neuvaine de sainte Christine. Dès cinq heures du matin les pèlerins arrivaient en grand nombre, et il était difficile de s'entendre, au milieu des cris d'une foule d'enfants en bas âge, amenés par leurs mères ou leurs nourrices pour passer sous la châsse.


Depuis près de deux siècles les reliques de sainte Christine sont en grande vénération à Orléans. Elles ont été rapportées de Rome en février 1680 par Jean Deloynes, sous l'épiscopat de Pierre du Cambout de Coislin. Ce prélat en fit don à la petite église de Saint-Liphard (1), et y établit une confrérie. Les reliques, renfermées dans une belle châsse en bois doré, furent exposées sur un autel particulier. Chaque année, le 24 juillet, de nombreux pèlerins, pour gagner les indulgences accordées par le pape Innocent XI, se rendaient à Saint-Liphard, et obtenaient la guérison des maladies dont ils étaient affligés.


Le 17 octobre 1793, la châsse de saint Christine fut vendue à l'encan, et adjugée à un brocanteur de la rue Bourgogne qui la plaça dans sa boutique. Dans ses Recherches historiques sur Orléans, M. Lottin raconte qu'il l'a vue et vainement marchandée. Le propriétaire ne voulut jamais s'en dessaisir, et il manifesta l'intention de la restituer dans des temps meilleurs à l'autorité ecclésiastique. Elle fut cependant achetée par un vigneron nomme Bourgoin et portée secrètement dans sa maison, voisine de la Croix-Fleury, où elle y fut conservée religieusement pendant dix ans. C'est en mémoire du séjour des reliques de Sainte Christine dans ce quartier que, le jour de la fête, les châsses sont portées processionnellement à la Croix-Fleury, à sept heures du matin.


Après le rétablissement du culte, Mgr Bernier, évêque d'Orléans, voulut enrichir sa cathédrale de la châsse de Sainte Christine, mais Bourgoin s'y refusa. Il consentit toutefois, le 17 juin 1803 à la donner à l'église de Saint-Vincent, sa paroisse. L'authenticité des reliques fut reconnue, et par lettres apostoliques du cardinal Caprara, légat a latera du Saint Siège, l'église de Saint-Vincent devint dépositaire des reliques de Sainte Christine, dont la translation eut lieu le 23 octobre, au milieu d'une grande affluence du peuple. Les registres de la paroisse portent la mention suivante :


"C'est à la piété et à la religion des sieur et dame Bourgoin, domiciliés à la Croix-Fleury, que l'église de Saint Vincent doit l'avantage de posséder les reliques de sainte Christine : les châsses qui les renferment et l'autel où elles sont déposées sont l'effet et le fruit de leur zèle généreux.

Signé, + Et Al., évêque d'Orléans ; Dufresneau, curé."


Pendant la neuvaine, l'église de Saint Vincent, si coquettement réparée est ornée de guirlandes et de festons. Les châsses sont placées sous un clocher pyramidal de fleurs artificielles. Le clergé de la paroisse suffit à peine pour dire les Évangiles aux enfants et bénir différents effets à leur usage après leur avoir fait toucher la châsse.


Au dehors se tient une petite foire d'objets religieux et de bonbons. Les chevaux de bois sont installés sur le Champ-Carré et les marchands du voisinage font tous un grand débit de Gâteaux de Saint Christine.

(1) - Il est fait une première mention de l'église Saint Liphard vers 1155-1159. Paroisse désaffectée en 1791 et démolie après 1830. Sur son emplacement ont été construits les immeubles des n° 167, 169 et 171 de la rue Bourgogne. NDLR


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