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Sainte Potentienne à Chatillon-sur-Loing (Chatillon-Coligny)


**nota** Chatillon-sur-Loing devient Chatillon-Coligny en 1896 pour des raisons postales : Confusion avec Châtillon-sur-Loire.

Qui est Sainte Potentienne (ou Pudentienne) ?

Leçon des Matines avant 1960

Neuvième leçon. La vierge Pudentienne, fille du Romain Pudens, ayant perdu ses parents, se consacra toute entière, avec une admirable piété, aux pratiques de la religion chrétienne. D’accord avec sa sœur Praxède, elle distribua aux pauvres l’argent qu’elle avait, retiré de la vente de son patrimoine, puis elle s’adonna au jeûne et à l’oraison. Grâce à ses soins, toute sa famille, composée de quatre-vingt-seize personnes, fut baptisée par le souverain Pontife Pie. L’empereur Antonin ayant porté un édit qui défendait aux Chrétiens d’offrir publiquement le sacrifice, le Pontife célébrait les saints mystères en présence des fidèles dans la maison de Pudentienne. Elle recevait les Chrétiens avec une grande bonté, et leur fournissait les choses nécessaires à la vie. Elle mourut dans l’accomplissement de ces devoirs de la piété chrétienne et fut ensevelie dans le tombeau de son père, au cimetière de Priscille, sur la voie Salaria, le quatorze des calendes de juin.



 

Sainte Potentienne à Chatillon-sur-Loing


In Sainte Potentienne, deuxième patronne de Chatillon-sur-Loing par J. Bourgon - Imp. Félix Jacob, Paris 1856

L'église de Chatillon sur Loing, possédait le corps entier de sainte Potentienne. On y venait en pèlerinage des contrées les plus éloignées ; et chaque année, le jour de sa fête, le nombre des cierges que les fidèles faisaient brûler devant sa châsse était si grand, que le trésorier du Chapitre en retirait un revenu considérable. « Que de personnes, nous en sommes témoin, dit l'auteur du Rector immensi (Office de la sainte), viennent en foule de lointaines contrées implorer son secours ! Elles arrivent malades et languissantes, et bientôt elles reprennent le chemin de leurs demeures, triomphantes et guéries. »


Rien n'était plus solennel alors que la fêle de notre sainte Patronne : dès la veille, le son joyeux des cloches, le chant des premières vêpres, l'empressement des fidèles à se rendre aux tribunaux sacrés de la Pénitence, annonçaient assez la belle solennité du lendemain. A peine l'aurore d'un beau jour de mai (le 19) avait-elle empourpré l'horizon de ses feux, que déjà le vénérable doyen du Chapitre exposait sur un petit trône, devant le grand autel, la châsse de la Sainte, et que tous les chanoines réunis en chœur chantaient solennellement l'Office des matines, A grand'messe, l'église était remplie ; car ce jour-là, très-souvent un jour ouvrable, tout Chatillon-sur-Loing était en fête. Le marchand avait fermé sa boutique, l'artisan son atelier, le laboureur et le vigneron, laissant en repos leurs instruments de labeur, avaient pris leurs plus beaux habits de fête ; tous, en un mot, étaient heureux et se faisaient un devoir de venir prier la bonne Sainte, dont ils avaient appris dès l'enfance prononcer le nom et à bénir la mémoire. Le soir, une magnifique procession faite avec les saintes reliques dans l'intérieur de la ville, le long des hautes murailles qui la défendaient, clôturait cette belle solennité ; et chaque habitant rentrait chez lui le cœur joyeux et l'âme pieusement satisfaite. Ainsi florissait à Châtillon-sur-Loing, à l'ombre de la religion et de la paix, le culte et le pèlerinage de sainte Potentienne.

Mais, hélas ! ces beaux jours de foi et de candide ferveur devaient bientôt faire place à des jours sombres et orageux. Les théories de Luther et Calvin se répandaient et Dieu permit que les trois fils de Gaspard Ier de Coligni, seigneur de Châtillon-sur-Loing, en devinssent les premiers adeptes et les plus ardents défenseurs. Gaspard II de Coligni, plus connu sous le nom d'Amiral, et François, seigneur d'Andelot, son frère, tous deux capitaines renommés, embrassèrent le parti et les intérêts de la Réforme. Ils mirent au service de sa cause l'épée qu'ils avaient jusque-là vaillamment portée au service du roi et de la patrie ; les guerres religieuses commencèrent, et pendant longtemps les rives ordinairement si tranquilles du Loing ne retentirent plus que du bruit des armes et de la marche des gens de guerre. Triste et lugubre époque où l'hérésie armée fit dans nos contrées tant de ravages et y laissa tant de ruines, qu'après trois siècles nous en retrouvons encore (abbaye de Fontainejean, église de Dammarie-sur-Loing).


La foi commença à s'affaiblir progressivement dans nos campagnes ; les pieuses pratiques furent délaissées ; la crainte, l'indifférence éloignèrent peu à peu le peuple des lieux où il s'assemblait pour prier ; et dans la suite d'autres causes non moins funestes se joignant aux premières, nous en sommes venus à ce point qu'aujourd'hui, hélas ! l'antique et célèbre pèlerinage de sainte Potentienne n'est plus Châtillon-sur-Loing.... Qu’un souvenir ! Serait-il donné, sinon à nous, au moins nos successeurs, de voir des heureux, où la dévotion envers notre Sainte, devenue plus grande et plus générale , ramènerait aux pieds de sa châsse des troupes nombreuses et empressées de pieux pèlerins ! Toutefois, hâtons-nous de le dire, si le pèlerinage a cessé, le nom de sainte Potentienne n'en est pas moins demeuré parmi nous entouré d'une vénération toute populaire. Les mères l'apprennent à leurs petits-enfants ; elles les apportent avec confiance près de ses reliques, elles leur font respectueusement baiser le cristal qui les recouvre ; et dans les calamités publiques, c'est surtout vers elle que nos populations effrayées tournent leurs yeux et leurs espérances. Qu'on nous permette d'en citer un récent et bien frappant exemple :


Nous étions en 1834, époque du choléra. Cette terrible et mystérieuse maladie qui fit alors dans presque toutes les contrées de l’Europe tant de victimes, vint aussi nous visiter. C'était la première fois ; notre petite ville, située entre deux collines, dans une riante et fertile prairie qu'arrosent les méandres du Loing, et cachée comme un nid d'oiseau parmi des peupliers ct des saules, avait jusque-là échappé aux influences délétères du redoutable fléau ; on espérait y échapper encore, quand tout-à-coup il parut dans l'un des faubourgs. La crainte fut grande et bien légitime ; car le mal faisait des progrès rapides, et la médecine, impuissante et troublée, était réduite à le contempler sans l'atteindre. Ce fut alors surtout que se manifesta la dévotion des habitants de Châtillon-sur-Loing envers la puissante protectrice de leurs ancêtres : tous les regards pleins de larmes et d'espérances se tournèrent vers elle.


Pour seconder ces pieuses dispositions, la châsse de sainte Potentienne fut descendue et exposée à la vénération du peuple ; une neuvaine fut commencée, et chaque soir un salut était chanté en l'honneur de la Sainte. Jamais empressement ne fut si grand ni si général. Au dernier coup de la cloche, on voyait affluer de tous les côtés vers le lieu saint la population entière ; hommes, femmes, enfants, tous accouraient à l'église comme à un lieu de refuge ; et malgré cette nombreuse affluence, l'ordre, le silence, le recueillement étaient religieusement observés. Le jour de la clôture de la neuvaine, on fit une procession solennelle avec les reliques de la Sainte, vers une petite fontaine qui porte son nom. Quatre jeunes personnes vêtues de blanc portaient la châsse, et quatre autres aux mêmes couleurs l'accompagnaient un flambeau à la main. Près de quinze cents personnes, à la tête desquelles étaient les hommes les plus honorables de la cité, suivaient la procession en chantant des psaumes et des cantiques. C'était vraiment un beau spectacle, hélas ! trop rare dans nos contrées ; en le contemplant, on ne pouvait s'empêcher de l'admirer et de se dire à soi-même : Non, la foi n'est pas encore éteinte parmi nous ! Cette religieuse manifestation, tant de prières, tant de larmes, ne furent pas, croyons-le bien, sans résultat et sans fruit. Quelques temps, il est vrai, le fléau sévit encore, mais il perdit de son intensité et s'éloigna peu à peu. Sans doute, en s'éloignant, il laissa dans le deuil bien des familles ; mais n'a-t-il pas fait ailleurs de plus grands ravages et qui sait ce qu'il aurait fait parmi nous, sans la puissante protection de la glorieuse fille de Pudens ?


Disons en terminant ce qui regarde le culte de sainte Potentienne, qu'une chapelle lui est consacrée dans notre église. Depuis bien des années, on conservait dans cette chapelle un tableau dont celui de Rome avait probablement donné l'idée. Comme cette vieille toile se ressentait beaucoup des ravages du temps et de la poussière, en 1826 M. Augustin Robert Tonnellier, alors doyen de Châtillon, la, fit porter à Paris. C'est elle qui a servi de modèle au tableau que l'on voit actuellement dans la même chapelle.


La Sainte y est peinte coiffée d'une espèce de turban blanc, franges d'or, au milieu duquel brille un gros chaton en rubis ; de longs cheveux s'en échappent et tombent onduleux sur ses épaules ; ses traits nobles et réguliers sont empreints d'une piété profonde ; ses beaux yeux bleus s'élèvent vers le ciel, et semblent, par leur douloureuse expression, s'associer aux souffrances des martyrs dont elle fait couler le sang d'une éponge dans un vase placé devant elle. A sa droite, sur un plan moins élevé, une jeune vierge romaine tient entre ses mains la manche d'un vêtement blanc teint de sang ; à son air triste, mais calme et résigné, on voit bien qu'elle nous montre, en se tournant vers nous la dépouille ensanglantée d'un martyr.


A sa gauche, sainte Praxède, sa soeur, pieusement inclinée devant le vase, pour rendre hommage au sang généreux qu'il renferme, agite un encensoir d'où s'échappe une fumée de parfum. Ce tableau, sans être un chef-d'œuvre, ne manque pourtant pas d'un certain mérite ; les figures surtout y sont assez bien réussies ; on y remarque déjà cette délicatesse et ce moelleux de pinceau qui plus tard devait faire du jeune artiste un de nos peintres de portraits les plus distingués (Pérignon, alors âgé de 18 ans).

 

Les reliques (extraits)


Au culte de sainte Potentienne se rattache nécessairement celui de ses précieuses reliques ; depuis des siècles l'église de Châtillon-sur-Loing a l'inestimable avantage de les posséder. Recueillons-nous quelques instants aux pieds de ce dépôt sacré ; et, jetant sur le passé un regard attentif, voyons avec quelle tendre sollicitude Dieu , qui veille sur les dépouilles de ses saints, a conservé parmi nous, au milieu de tant de commotions politiques et religieuses, l'inappréciable trésor qu'aucune main n'a pu nous ravir.


Ici, sans doute, notre tâche serait plus facile, si tant de procès-verbaux concernant sainte Potentienne, renfermés autrefois, dans les archives de l'ancien chapitre, étaient parvenus jusqu'à nous. Mais ces feuilles, si précieuses pour l'histoire ecclésiastique locale, le vent des révolutions les a, diverses époques, enlevées et dispersées au loin. Toutefois, quelques-uns de leurs précieux débris sont tombés entre nos mains ; assez complets encore pour nous servir de guides, ils vont nous tracer la voie, tandis que le pieux auteur de l'Histoire du Gâtinais, dom Morin, abbé de Ferrières, viendra de temps en temps, par ses curieuses et savantes recherches, jeter, sur la route que nous allons parcourir, l'intérêt et la lumière.


L'église de Chatillon-sur-Loing, nous venons de le dire, est, de temps immémorial, en possession des reliques de sainte Potentienne. A quelle époque y furent-elles apportées de Rome ? Ici nous ne pouvons donner une réponse claire et précise, car malheureusement les documents nous font défaut ; mais la cause de cette regrettable lacune nous est parfaitement connue. Le 3 août 1562, les calvinistes s'étant rendus maitres de Châtillon, y exercèrent d'effroyables ravages. L'église surtout, comme on le pense bien, fut le théâtre de leur fureur ; rien n'y fut épargné : autels, tableaux, croix, reliques, tout fut renversé, déchiré, brisé, foulé aux pieds. Pour couronner cette oeuvre de destruction sacrilège, les huguenots portèrent sur la place publique la grande châsse renfermant le corps de sainte Potentienne, et la jetèrent au feu, avec un livre qui contenait tous les actes concernant cette Sainte et les miracles jusque-là opérés par son intercession. Par un heureux ou plutôt par une secrète disposition de la divine Providence, le chef (la tête) de notre auguste patronne, renfermé dans un autre reliquaire, put échapper aux mains des huguenots et au sort qui lui était réservé. Mais, hélas le précieux volume n’existait plus, et sa destruction allait ensevelir dans une obscurité profonde bien des faits importants de notre histoire locale. Car cela fait, dit un de nos prédécesseurs, que l'on « ne peut décider au juste le temps où ces reliques furent apportées à Châtillon-sur-Loing, ni comment. »


En l'absence des documents authentiques s'ouvre le champ des conjectures. Nous allons nous en permettre une qui, si elle n'est vraie, nous parait du moins bien vraisemblable.


Le Chapitre de Saint-Pierre de Châtillon-sur-Loing fut fondé par Pierre de Corbeil, archevêque de Sens, en l'année 1209. A cette époque de foi vive et de religieux dévouement, où les reliques des saints étaient recherchées et appréciées plus que l'or, ne peut-on pas supposer que les nouveaux chanoines mirent tout en œuvre pour en enrichir leur église Leur piété dut naturellement convoiter de préférence les reliques des saints ou saintes qui avaient eu quelques rapports avec saint Pierre, leur patron. Celles de sainte Potentienne, fille d'un disciple même du prince des Apôtres, devaient surtout fixer leur choix et satisfaire leur pieuse convoitise ; ils les demandèrent donc à Rome ; ils eurent l'avantage de les obtenir; et un jour, un pieux pèlerin, peut-être un vaillant croisé, les apportait en triomphe et aux cris de joie de tout un peuple, dans la petite ville dont elles font encore aujourd'hui l'ornement et la richesse.


Quoi qu'il en soit de cette supposition, nous croyons que les reliques de sainte Potentienne étaient déjà à Châtillon-sur-Loing en 1338.



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