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Sainte Radegonde à Saint-Maurice-sur-Fessard


Saint Maurice sur Fessard – Pèlerinage Sainte Radegonde

In Annales Religieuse et Littéraire du Diocèse d’Orléans – 1889


Le mardi 5 mars, troisième jour des Quarante-Heures avait lieu, dans la paroisse de Saint-Maurice-sur-Fessard, le pèlerinage traditionnel de Sainte Radegonde, ininterrompu depuis plus de deux siècles. Il s’est accompli, cette année, avec une solennité exceptionnelle.


M. l’abbé Laroche, Archidiacre de Montargis, avait été délégué par Mgr l’Évêque d’Orléans pour le présider ; et il voulut bien adresser aux Pèlerins accourus de toute part, une de ces allocutions simples et fortes. A ses côtés, se pressaient, outre Mgr Godefroy, Doyen de Montargis, un bon nombre de prêtres des environs, heureux d’ajouter par leur assistance à l’éclat de cette fête.


Mais ce qui donnait à ce pèlerinage un caractère de piété et de dévotion plus attendrissant c’était la présence, aussi, d’une noble et généreuse famille qui, en reconnaissance d’une grande grâce obtenue dans un autre pèlerinage, à Notre-Dame-de-Lourdes, venait de faire l’acquisition de la Chapelle de Sainte-Radegonde, l’avait gracieusement décorée pour la circonstance, et se propose, nous assure-t-on, de faire plus encore, en la restaurant entièrement.

Nous lui offririons ici l’hommage de notre vive gratitude, si M. l'archidiacre ne l’avait fait publiquement avec un tact exquis et une réserve pleine de délicatesse.


L’assistance, profondément émue, témoignait alors, par des signes d’assentiment non équivoques, combien tous étaient heureux de voir assuré pour l’avenir ce pèlerinage un moment compromis par la mise en vente de la Chapelle vénérée ; et nous avons vu des larmes couler de quelques yeux, quand l’enfant miraculée à Lourdes, vint elle-même, d’un pas assuré, présenter à bénir le pain d’offrande, et justifier, par cette démarche, l’allusion transparente faite par M. l’Archidiacre dans son allocution.


Elle fit plus encore ; le matin avant la sainte messe chantée dans l’église paroissiale, et le soir, elle accompagna son père, sa mère, sa sœur aînée et ses deux jeunes frères, au sanctuaire de la sainte Patronne, parcourant à chaque fois comme eux et sans fatigue près de trois kilomètres à pied, par des chemins détrempés et glissants.


Les habitants de Saint-Maurice n’oublieront jamais, comme le leur a dit M. l’Archidiacre, que la foi appuyée sur les œuvres obtient de Dieu tout ce qu’elle demande.


Un pèlerin.

 

Un peu d'histoire

Cadastre Napoléonien - Section E Sainte Radegonde

Annales de la Société historique & archéologique du Gâtinais - 1886


Châtellenie de Sainte-Radegonde.


La première châtellenie dont il est fait mention au registre de 1637 est celle de Sainte-Radegonde, située à deux kilomètres au sud de Saint-Maurice. Elle appartenait à cette époque à noble homme messire David de Villers, désigné comme sieur de Sainte-Radegonde dans un acte en date du 8 août 1637.

La famille de Villers était originaire d'Athies, en Vermandois, où sainte Radegonde fut élevée en attendant qu'elle devint l'épouse du roi Clotaire Ier. Un messire David de Villers, écuyer, seigneur de Sainte-Radegonde, avait épousé Marie Saget, sœur probablement de Remy Saget, lieutenant en la présidence de Montargis. De ce mariage naquirent dix enfants.

Un acte de 1698 désignant Jérome Geoffroy, d'abord concierge du château de Fessard depuis le 17 août i693, comme receveur de la terre de Sainte-Radegonde, on peut augurer que la famille de Villers ne résidait plus en 1714 sur le territoire de Saint-Maurice, et que la terre de Sainte-Radegonde fut annexée au fief de Fessard vers 1698, toutefois pas avant le 1er décembre 1683, car, à cette époque, un sieur de Villers signe encore un acte conservé dans les registres paroissiaux.


Chapelle de Sainte-Radegonde.


Cette chapelle, située au sud et à deux kilomètres du chef-lieu de la commune, auprès d'un bois qui porte son nom, paraît dater du 16e siècle (théorie contredite plus bas NDLR)

J'ai dit plus haut, en parlant de la châtellenie de ce nom, que la famille de Villers, propriétaire de cette châtellenie, était originaire d'Athies, en Vermandois, où sainte Radegonde fut élevée. La dévotion qu'avait toujours eue cette famille pour sainte Radegonde la suivit sans doute à Saint-Maurice, et c'est là l'origine probable de l'édification de cette chapelle et du pèlerinage que l'on y fait tous les ans, la veille du carême, pèlerinage qui date de 1680 et qui attire chaque année un nombreux concours de pèlerins et de visiteurs venus de tous les pays circonvoisins pour assister à cette cérémonie.

 

Bulletin / Société d'émulation de l'arrondissement de Montargis - 1976-06


Etat des paroisses en 1350 :


PAROISSES DE LA BEZONDE

  • Saint Maurice au dessus de FESSARD avec la chapelle Sainte Radegonde et la léproserie de Fessard ayant la chapelle Saint Blaise les Fessard, 44 sols, soit 1870 habitants.

  • Saint Nicolas de VILLEMOUTIERS avec le prieuré bénédictin Sainte Marie Madeleine devenu Notre Dame de Villemoutiers, et la léproserie ayant sans doute chapelle à Bonlieu, 22 sols, soit 930 habitants.

  • Saint Hilaire de LADON, 28 sols, soit 1190 habitants.


Bulletin / Société d'émulation de l'arrondissement de Montargis - 1976/09 (N36,SER3)


Vers 1350 le puillé de Sens mentionne la chapelle Sainte Radegonde dans la paroisse de Saint Maurice. Certains historiens pensent que la chapelle Sainte Radegonde datait du XVIe siècle : la famille de Villers, Seigneurs de Sainte Radegonde, l'aurait fait bâtir. Sans doute l'a-t-elle restaurée.

La confrérie établie sous son vocable remonte au 2 mars 1683.


Les reliques de la sainte, obtenues le l'abbaye Saint Bénigne de Dijon en 1557 pour la chapelle de Notre Dame des Agonisants de Saint Firmin des Vignes, furent transférées dans l'église paroissiale de Montargis, puis offertes l'année suivante par M. Bidal, curé de Montargis. La pièce rédigée sur parchemin est signée par le notaire Poinloup, le curé Collié, contresignée par Elisabeth et Anne de Gauville.


On invoque sainte Radegonde contre la goutte et les rhumatismes. Le pèlerinage que l'on y faisait tous les ans, la veille de la mi-carême, date de 1680. Il attirait chaque année un nombreux concours de pèlerins et de visiteurs venus de tous les pays circonvoisins assister à cette cérémonie. Des forains installaient leurs établissements pour cette fête.


Le culte cessa dans la chapelle, elle fut abandonnée et pillée au début de la dernière guerre. Les frais de réparations étant trop élevés, on n'a pas pu la remettre en état. Elle est donc tombée en ruine et le propriétaire, le comte de Guitaut, la fit raser il y a une quinzaine d'années. La grande statue de la sainte a été ramenée à l'église, et l'on raconte dans le village la légende suivante M. Presle, agriculteur, était venu avec son cheval et une charrette : il voulut prendre la statue ; dès qu'il l'eût posée dans sa charrette il ne put repartir, alors il la remit à son ancienne place et put rentrer chez lui. Cette histoire arriva aux oreilles du curé qui partit la chercher et la ramena sous son bras à l'église.


La châtellenie de Sainte Radegonde appartenait à Messire David de Villers, désigné comme sieur de cette terre dans un acte en date du 8 aout 1637. Cette famille était originaire d'Athis en Vermandois. David épousa Marie Saget, soeur de Rémy Saget, lieutenant en la présidence de Montargis, de ce mariage naquirent dix enfants. "Un acte de 1698 désignant Jérôme Geoffroy, d'abord comme concierge du château de Fessard depuis le 17 aout 1693,comme receveur de la terre de Sainte Radegonde, on peut augurer que la famille de Villers ne résidait plus en 1714 sur le territoire de Saint Maurice, et que la terre de Sainte Radegonde fut annexée au fief de Fessard vers 1698, toutefois pas avant le 1er décembre 1683, car, à cette époque, un sieur de Villers signe encore un acte conservé dans les registres paroissiaux" (Annales.Gâtinais 1886 p. 191).



Note de M. Paul GACHE

Dès le milieu du XIVe siècle les prés en aval de la motte de Fessard, jusqu'à Machot compris, s'appellent les prés aux Francs, puis les prés au Franc -XVIe siècle-, ensuite Auffrand : le nom tend à disparaître depuis que le canal a fait perdre leur unité à ces prés. S’agit-il du lieu où se tenait le champ de mai seigneurial, puis les joutes comme cela est certain à peine plus en aval ?

Quant à Machot, initialement Machel, et cité dès 1202, c'est la grange sur pilotis, nom et procédé usuel aux Francs, évitant les crues hivernales.


M. Michel délimite bien l'emplacement du Bourg de Fessard, centre d'un système de mesure -la mesure de Fessard, citée dès Louis VII et utilisée largement (même à Lorris, Montargis et Sceaux) au moins jusqu'à la fin du XIIIe siècle- ce qui suppose un marché actif et attractif et donc un village de rencontres. Saint Vincent de Fessard, implicitement paroisse en 1130, avait perdu ce rang avant 1219, moment où il ne s'agit plus que de la chapelle Saint Vincent aux revenus alors alloués à Guillaume, curé de Saint Maurice. Cependant un desservant (sans pouvoirs de curé) y subsista : ainsi est cité en 1428 Nicolas, prêtre de Fessard.


C'est en 1359-1361 que ce bourg de Fessard et sa chapelle Saint Vinent subissent leurs grands malheurs. L'occupation pendant quelques mois par des Anglo-Navarrais, agissant pour le compte de Charles le Mauvais, roi de Navarre, allié aux Anglais, et, pour se faciliter les choses , invoquant Blanche de Navarre, veuve, qui avait été reine de France et qui favorisait ouvertement Charles de Navarre, dit le Mauvais. Ce sont ces occupants qui ont détruit le bourg de Fessard et Saint Vincent, jetant les cloches à la rivière.


C'est par une confusion fréquente dans la région qu'on a imputé ensuite à Blanche de Castille (dont la régence correspond à l'apogée de Fessard), reine bien connue, ces destructions opérées au nom de Blanche de Navarre, reine assez justement oubliée.


Néanmoins les Bretons soudoyés par le futur Charles V pour chasser les Navarrais, augmentèrent les dégâts en pillant sérieusement comme dans les bourgs voisins. Avant ces atteintes les deux bourgs de Fessard et de Saint Maurice existaient distincts sans se toucher (en 1317 le roi dit "Saint Maurice près de Fessard").


Ensemble ils avaient environ 1 860 habitants si l'on s'en tient aux comptes ecclésiastiques, ce qui explique l'importance passée de Fessard.


Tout n'avait pas été anéanti par cette intervention double de 1359-1361, car la paroisse Saint Maurice fonctionne ensuite la léproserie Saint Blaise fonctionne de nouveau au moins à partir de 1380 et la chapelle Sainte Radegonde, isolée dans les bois, n'aura aucun préjudice de la guerre de Cent Ans. L'intervention anglaise de 1427, brève, un simple passage armé, aura cependant des conséquences : aucune mention de Saint Biaise avant 1503 , l'église Saint Maurice ne reçoit de nouveau desservant (Etienne Bardin) qu'en 1438, mais "vacante depuis longtemps" ou "victime de l'infortune de guerre" comme disent les doyens de Gâtinais, elle est hors d'état de payer les taxes pendant dix ans encore et d'avoir un desservant qui n'éprouve pas le besoin de la quitter dans les six mois de sa nomination.


Tant et si bien que la vie paroissiale ne recommence véritablement qu'en 1449. Non que l'église soit en bon état : encore en 1458-1460 le curé Jean Lavin ou Lapin avait fait le pèlerinage à Rome pour obtenir par cet effort les dons nécessaires pour sa reconstruction (il meurt pendant ce pèlerinage). Ses successeurs Jean Prévôt en 1460, puis Pierre Pertuys (arrivé avant 1475) ne font que de l'entretien au plus pressé. Les travaux sérieux ne débuteront qu'à la suite de la nomination de Marcel Pingale (peu avant 1489) et surtout de Jean Bontemps (1492), de la maison de Tristan de Salazar, archevêque de Sens, dont il était familier.


Quant au bourg de Fessard, son anéantissement n'avait été qu'incomplet. C'est en effet au bourg de Fessard, sur l'emplacement de Saint Vincent, que le doyen de Gâtinais vient à partir de 1449, chaque année, tenir ses assises, traitant ainsi le village comme un canton, sans doute pour favoriser sa renaissance. Les notaires parlent encore du Bourg de Fessard en 1504. Mais ce ne devaient être que quelques maisons gardant l'ancien nom. Le nom de toutes façons disparaît au moment (1492-1547) où la reconstruction de l'église Saint Maurice favorise définitivement le bourg toujours actuel de Saint Maurice "sur Fessard", c'est à dire en amont de l'ancien Fessard.


Par contre la chapelle Sainte Radegonde passe tous ces évènements sans autre trouble que celui d'être la seule église intacte dans un secteur qui n'en avait plus. Son chapelain en 1438 est Etienne Militis (en latin, c'est à dire le Soldat, ou le Noble). Dans cet édifice, pas de « ciel ouvert » ou de pluie à recevoir ; les gens préfèrent s'y réunir et les prêtres y célébrer leur messe avec un confort minimal. Pour mettre fin à cette pratique le doyen sanctionne assez sévèrement en 1447 Pierre Dingrené curé de. Lombreuil, et son confrère voisin, Guillaume Gauillaumet qui avaient célébré leur messe paroissiale dans la chapelle Sainte Radegonde" au mépris de leurs églises respectives. D'où la présence régulière du doyen à partir de 1449 pour renforcer l'attrait des lieux de culte vraiment paroissiaux.




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